P.157 - Traitement par anticorps anti-TNF des sténoses intestinales crohniennes symptomatiques avec indication chirurgicale : résultats d’une étude pilote prospective monocentrique - 02/04/09
X Tréton [1],
A Attar [1],
F Bretagnol [1],
C Stefanescu [1],
V Setakhr [1],
M Ferron [1],
A Amiot [1],
Y Panis [1],
Y Bouhnik [1]
Voir les affiliationsIntroduction : La résection intestinale est proposée en cas de sténose intestinale crohnienne, après échec ou intolérance des corticoïdes et/ou des immunosuppresseurs. Dans cette situation, les anticorps anti-TNF sont habituellement évités en raison du risque potentiel d’aggravation de la sténose. En période pré-opératoire, la corticothérapie, la dénutrition et l’hypoalbuminémie sont des facteurs de risques de stomie et de résection étendue. Cette étude pilote a pour but d’évaluer si un traitement préopératoire par anticorps anti-TNF, en cas de maladie de Crohn sténosante résistante à un traitement conventionnel, peut permettre d’éviter la chirurgie prévue ou d’en améliorer les conditions.
Patients et Méthodes : Entre janvier 2006 et mars 2008, tous les patients programmés pour une résection intestinale pour sténose symptomatique ont été systématiquement rediscutés pour recevoir un traitement d’induction préopératoire par anti-TNF. Les critères d’exclusion étaient l’absence de signes inflammatoires biologique (CRP < 10 mg/L) et/ou morphologique (absence de rehaussement pariétal intestinal en IRM ou tomodensitométrie). Les patients inclus, après recueil du consentement éclairé, ont reçu un traitement d’induction par anticorps anti-TNF dans les 8 semaines précédant la chirurgie prévue. L’évolution des symptômes, le maintien on non de l’indication opératoire, les caractéristiques opératoires et la morbi-mortalité post-opératoire (à 60 jours) ont été évalués et comparés à un groupe contrôle de 22 patients (opérés pour sténose intestinale symptomatique crohnienne) appariés pour le sexe, l’âge et le type de chirurgie.
Résultats : Quatorze patients ont été exclus. Treize patients ont reçu un traitement pré-opératoire par anticorps anti-TNF [infliximab (n = 9), adalimumab (n = 4)] pour une sténose iléale (n = 6), une sténose duodénale (n = 1) et des sténoses étagées du grêle (n = 6). Les deux groupes (anti-TNF+ et anti-TNF-) étaient équivalents en termes de traitements par corticoïdes et immunosuppresseurs, d’indice de masse corporelle et d’albuminémie. Chez 2/13 patients (sténose duodénale et sténoses étagées), la chirurgie a pu être évitée en raison de l’efficacité du traitement (poursuivi en entretien) sur les symptômes obstructifs, avec des suivis respectifs de 11 et 23 mois. Chez 11/13 patients opérés après traitement par anticorps anti-TNF, le nombre moyen d’injections/perfusions était de 2,7 (± 0,9) et le délai moyen entre la dernière administration et l’intervention était de 25,3 (± 9,8) jours. Aucun décès post-opératoire n’était noté. La durée d’hospitalisation post-opératoire [8,5 (± 5,3) et 8,3 (± 5,1) jours] le taux de complication post-opératoire (18 % et 20 %) et le nombre de stomies [2/11 (18 %) et 4/22 (18 %)] étaient équivalents dans les groupes anti-TNF+ et anti-TNF- (NS).
Conclusion : Un traitement par anticorps anti-TNF dans les 8 semaines précédant une résection intestinale programmée pour maladie de Crohn sténosante symptomatique permet, dans certains cas, d’éviter la chirurgie à moyen terme. Ce traitement ne s’accompagne pas d’une augmentation de la morbi-mortalité post-opératoire. Ces résultats poussent à la mise en place d’un essai contrôlé randomisé pour évaluer cette stratégie thérapeutique.
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Vol 33 - N° HS1
P. 97 - mars 2009 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.