P.167 - Aspects anatomocliniques et évolutifs des colites aiguës sévères de la rectocolite hémorragique à Alger - 02/04/09
N Bounab [1],
N Kaddache [1],
L Kecili [1],
A Balamane [1],
K Layaida [1],
A Oussalah [1],
L Gamar [1],
K Belhocine [1],
T Boucekkine [1]
Voir les affiliationsIntroduction : La colite aiguë sévère (CAS) de la rectocolite hémorragie (RCH) est caractérisée par des signes cliniques et biologiques regroupés sous la dénomination de critères de Truelove et Witts (CTW) associés parfois à des lésions endoscopiques sévères (LES). Le traitement intensif par la corticothérapie intraveineuse (TICIV) et en cas d’échec par la ciclosporine ou l’infliximab peuvent prévenir la colectomie.
Patients et Méthodes : Pour étudier le profil anatomoclinique et l’évolution immédiate des CAS-RCH nous avons revu rétrospectivement les dossiers des patients hospitalisés pour cette affection dans 3 services de Gastroentérologie d’Alger du 1/1/1980 au 31/12/2006 et traités pendant 5 à 7 jours par TICIV. La CAS-RCH a été définie comme une situation clinique grave caractérisée par l’émission d’au moins 6 selles sanglantes/j associée au minimum à un des autres CTW. Tous ces patients avaient bénéficié d’un bilan clinique et biologique complet et systématiquement d’une endoscopie basse. Les renseignements utilisés ont été ceux recueillis le 1er jour de l’hospitalisation et au cours du suivi pluriquotidien sous traitement. Etude statistique : tests exact de Fisher et du Chi-2.
Résultats : Sur une cohorte totale de 1 274 patients souffrant de RCH, 161 (12,6 %) ont présenté un ou plusieurs épisodes de CAS et ont été inclus dans l’étude. Il s’agissait de 82 femmes (50,9 %), et 79 hommes (49,1 %), dont l’âge moyen était de 28,2 ans ; des lésions endoscopiques sévères (LES) étaient notées 90 fois (55,9 %). L’échec du TICIV, défini comme la nécessité d’une colectomie d’urgence ou la mort, a été observé chez 61 patients (37,8 %). L’échec du traitement était significativement plus fréquent : 1/ lorsque le nombre de selles sanglantes était > 8/jour (n = 40/53 : 75,5 % vs 21/108 : 19,4 % p = 0,0001). 2/ chez les patients ayant plus de 2 CTW (n = 41/118 ; 41,5 % vs 12/43 : 27,9 % ; p = 0,01). 3/ quand la durée de la poussée sévère était inférieure à 4 semaines (n = 38/70 : 54,3 % vs 23/91 : 25,3 % p = 0,0003). 4/ chez les patients ayant présenté une seconde (n = 12/22, 54,5 %), une troisième (n = 5/7 ; 71,4 %) ou une quatrième (n = 2/2 ; 100 %) CAS comparés à ceux qui n’avaient subi qu’une poussée sévère (n = 42/130 ; 32,3 % p = 0,001). 5/ lorsqu’il existait des lésions muqueuses sévères comparées aux lésions non sévères (n = 46/90 ; 51,1 % vs 15/71 : 21,1 % p = 0,0002).
Le risque d’échec du TICIV était de 86,5 % chez les patients présentant concomitamment des LES associées à un nombre de selles sanglantes > 8/j et de 77,5 % en cas de LES associées à une durée d’évolution inférieure à 4 semaines.
Conclusion : Dans notre expérience le TICIV a été efficace dans 62,2 % des cas de CAS-RCH. L’échec de ce traitement était significativement plus fréquent chez les patients présentant une poussée sévère récente ou récurrente, lorsqu’il existait plus de 2 CTW, des selles sanglantes fréquentes (> 8/ jour), et des lésions endoscopiques sévères.
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Vol 33 - N° HS1
P. 102 - mars 2009 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.