CO.48 - L’analyse des données individuelles des 5 dernières études randomisées dans l’hépatite alcoolique sévère confirme l’efficacité de la corticothérapie et l’influence de la réponse au traitement - 02/04/09
P Mathurin [1],
J O’Grady [2],
RL Carithers [3],
M Phillips [2],
MJ Ramond [4],
A Louvet [1],
S Naveau [5],
T Morgan [6],
WC Maddrey [7],
CL Mendenhall [8]
Voir les affiliationsIntroduction : Nous avons réalisé une nouvelle méta-analyse des données individuelles des 5 dernières études randomisées ayant évalué les corticoïdes chez les patients (pts) ayant une hépatite alcoolique sévère (Score de Maddrey (DF) ≥ 32). Cette approche augmente la pertinence et la puissance statistique et limite les biais associés aux méta-analyses classiques réalisées à partir des données des articles publiées.
Les buts de cette étude ont été de : 1) comparer la survie à 28 jours des pts traités par corticoïdes à celle des pts non traités par corticoïdes (pts) ; 2) d’analyser à l’aide du modèle de Lille l’influence de la réponse sous traitement.
Patients et Méthodes : Les données individuelles ont été communiquées par les investigateurs des 5 dernières études randomisées ayant comparé les corticoïdes au placebo (n = 3), à la nutrition entérale (n = 1) ou à un cocktail d’antioxydants (n = 1). Les survies ont été déterminées par la méthode de Kaplan-Meier et comparées par le test de log-rank. L’analyse multivariée a utilisé le modèle de Cox.
Résultats : 387 pts ont été analysés : 202 randomisés dans le groupe corticoïdes et 185 dans le groupe sans corticoïdes. A l’inclusion, les 2 groupes étaient similaires pour tous les paramètres étudiés. La survie à J28 des pts traités par corticoïdes était significativement supérieure à celle des pts non traités : 79,2 ± 2,9 % vs 64,1 ± 3,5 %, p = 0,0005. En analyse univariée, 8 variables avaient une valeur pronostique : le traitement corticoïdes (p = 0,0005), l’âge (p < 0,0001), la créatinine (p < 0,0001), le taux de leucocytes (p = 0,007), l’albumine (p = 0,04), le DF (p < 0,0001), le Lille Modèle (p < 0,0001) et l’encéphalopathie (p = 0,0001). En analyse multivariée, DF (p = 0,02), le modèle de Lille (p < 0,0001), le taux leucocytes (p = 0,01), l’encéphalopathie (p = 0,007) et le traitement corticoïdes (p = 0,002) étaient les variables pronostiques indépendantes. Après 7 jours de traitement, une amélioration plus rapide de la fonction hépatocellulaire était observée chez les pts corticoïdes comme en témoigne une diminution plus importante de la bilirubine, (-73,1 [58-88,4] vs -36,1 [20,4-51] µmol/l, p = 0,002) et un score de Lille plus bas (0,225 [0,137-0,308] vs 0,391[0,66-0,518], p = 0,004). Le pourcentage de pts classés répondeurs par le score de Lille (score < 0,45) était plus important dans le groupe corticoïdes : 66,4 % vs 54,6 %, p = 0,05. En analyse de sensibilité restreinte aux pts classés répondeurs, la survie à J28 était plus élevée chez les répondeurs du groupe corticoïdes que chez les répondeurs du groupe sans corticoïdes : 94,1 ± 2,3 % vs 78,6 ± 4,7 %, p = 0,002. A l’inverse, il n’existait pas de différence significative chez les pts classés non répondeurs (Lille score ≥ 0,45) entre les groupes corticoïdes et non corticoïdes : 58 ± 6,9 % vs 47,7 ± 6,5 %, ns (p = 0,3).
Conclusion : L’analyse des données individuelles confirme le bénéfice de survie à court terme lié au traitement corticoïdes chez les patients ayant une hépatite alcoolique sévère. L’amélioration de la survie est observée principalement chez les patients ayant une réponse au traitement.
© 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Vol 33 - N° HS1
P. 121 - mars 2009 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.