391 - Perforation cornéenne induite par le nicorandil : à propos d’un cas. - 23/04/09
C* PHILIPPE,
C GUY,
P GAIN,
JP BARRACHIN,
JL PERROT,
G THURET
Introduction : Le nicorandil est un anti-angineux, activateur des canaux potassiques, mis sur le marché français en 1994. Dès 1997, des effets secondaires à type d’ulcérations de la muqueuse buccale ont été rapportés, et plus récemment des ulcérations anales, gastro-intestinales, et cutanées. Nous rapportons un cas de perforation cornéenne sous nicorandil.
Objectifs et Méthodes : Un homme de 81 ans, sans antécédent oculaire, s’est présenté avec une perforation cornéenne droite spontanée. Il présentait, depuis 5 mois, des kérato-conjonctivites droites, non spécifiques, à répétition et des érosions cutanées multiples résistantes aux traitements locaux et généraux. Il était sous nicorandil depuis 5 ans. L’examen retrouvait un ulcère perforé bouché de 4 x 4 mm sans signe infectieux/inflammatoire associé. L’œil gauche était normal. Une kératoplastie transfixiante a rapidement été réalisée, suivie d’une récidive d’un ulcère épithélial sur le greffon 5 semaines plus tard. Les dermatologues ont suspecté une toxidermie au nicorandil et arrêté le traitement. L’ensemble des lésions cutanées et cornéennes a régressé en quelques semaines.
Observation : Le patient ne présentait aucune des étiologies habituelles des perforations cornéennes spontanée (infection bactérienne ou virale, collagénoses, rosacée, kératite neuroparalytique). Les dermatologues ont recherché une pemphigoïde bulleuse, un syndrome de Lyell ou Stevens-Johnson, une vascularite, une dysplasie. Une biopsie cutanée a permis d’éliminer l’ensemble de ces hypothèses
Discussion : La survenue d’ulcérations cutanéo-muqueuses induites par le nicorandil est connue depuis une dizaine d’années. Elles peuvent survenir plus de 5 ans après l’initiation du traitement. Notre patient, sous nicorandil depuis 5 ans, a présenté simultanément des lésions cutanées et un ulcère cornéen grave conduisant à une perforation oculaire. L’imputabilité du nicorandil dans la survenue des lésions cutanées et cornéenne est plausible (arguments chronologiques, avec récidive sur le greffon cornéen, et séméiologiques). La physiopathologie de l’atteinte reste inconnue.
Conclusion : Il s’agit de la première description d’une atteinte cornéenne sous nicorandil. Les atteintes oculaires sous nicorandil devraient être l’objet d’un signalement à la pharmacovigilance.
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Vol 32 - N° HS1
P. 125 - avril 2009 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.