Les amincissements cornéens périphériques peuvent se compliquer de baisse d’acuité visuelle par l’astigmatisme qu’ils induisent ou par progression centripète d’une kératite périphérique immunologique. Au cours de ces affections, la réalisation de greffes lamellaires cornéo-sclérales est particulièrement utile en cas de perforation imminente ou avérée. Le but de cette étude est d’évaluer l’efficacité de ce type de greffe au cours d’amincissements périphériques immunologiques ou dégénératifs.

Une étude rétrospective portant sur dix cas consécutifs de pathologies cornéennes périphériques ayant nécessité une greffe cornéo-sclérale lamellaire a été réalisée. Nous rapportons les indications, les traitements adjuvants et le pronostic de ce type de greffe.

Sur les dix patients étudiés, 5 présentaient des descemetocèles secondaires à des dégénérescences de Terrien, 5 présentaient des amincissements dans le cadre de pseudo-Mooren (3 cas de perforations, 2 cas de descemetocèles). L’utilisation de thérapeutiques immunosuppressives précédait la greffe dans les cas de pseudo-Mooren (corticoïdes et cyclophosphamide dans 3 cas, corticoïdes seuls dans 2 cas), un traitement d’entretien était ensuite instauré (corticoïdes dans 5 cas, azathioprine dans 1 cas, cyclophosphamide dans 3 cas). Dans un cas, une récidive inflammatoire a été notée en dehors de la zone greffée et a nécessité une adaptation du traitement d’entretien. Dans tous les cas, une amélioration ou une stabilisation de l’acuité visuelle a été notée.

Selon les indications, la greffe lamellaire cornéo-sclérales peut jouer un rôle architectonique (en cas de perforation avérée ou imminente), visuel (en cas d’astigmatisme important ou de perforation) ou immunologique (en limitant l’accès des médiateurs de l’inflammation sur la zone amincie).

La greffe lamellaire cornéo-sclérale est une arme particulièrement efficace dans l’arsenal thérapeutique des amincissements cornéens périphériques dégénératifs ou immunologiques. Leur réalisation au cours des affections immunologiques ne se conçoit qu’après prise en charge de l’inflammation causale.