Le kératocône est généralement abordé par les ophtalmologistes en termes d’adaptation des lentilles de contact et de leur innocuité sur la surface oculaire. La tolérance subjective à long terme et l’impact de ces équipements sur la vie quotidienne du patient sont trop souvent délaissés. Il est important de connaître cet impact et de l’analyser, afin de pouvoir mieux accompagner ces patients qui se sentent pénalisés par leur pathologie et l’équipement optique qu’elle nécessite, tandis que leur handicap n’est pas perceptible par leur entourage.

Il s’agit d’une enquête rétrospective multicentrique. Un questionnaire a été envoyé par 11 ophtalmologistes à 300 patients atteints de kératocône, répartis géographiquement sur le territoire français. Le retentissement sur la vie sociale, professionnelle, et les loisirs, est analysé. L’éventuelle gêne dans la vie quotidienne, lors de la vie professionnelle, lors du travail sur écran, en fin de journée, et lors de la pratique sportive, a été évaluée sur une échelle de 1 à 10.

124 questionnaires ont été retournés par les patients. Le recul moyen de découverte du kératocône est de 13,82 ans (+/− 14.01). L’existence du kératocône a obligé 14 % des patients à modifier leur activité professionnelle, 32 % à modifier leurs loisirs. Si la gêne dans la vie courante, lors du travail et lors du travail sur écran est pas ou peu importante (respectivement pour 41 %, 31.5 % et 31.5 % des patients), elle est très gênante en fin de journée et lors de la pratique sportive (respectivement pour 46 % et 38 % des patients). Enfin 34,5 % des patients considèrent le kératocône comme un handicap majeur.

Ces résultats sont à comparer aux publications traitant de ce sujet, et devraient inciter les ophtalmologistes à prendre en compte le retentissement des équipements en lentilles de contact sur la qualité de vie des patients atteints de kératocône.

La gêne ressentie peut être invalidante pour beaucoup de patients, et cela doit inciter l’adaptateur à effectuer une adaptation non seulement parfaite techniquement, mais également mieux compatible avec la qualité de vie des patients. Une des solutions pourrait être une utilisation plus fréquente du système Piggy Back. Il serait intéressant de réaliser une étude comparative sur ce sujet.