Les abcès fongiques sont rares. Les principaux facteurs de risque sont les traumatismes (végétaux), le port de lentilles et l’utilisation prolongée de corticoïdes topiques. Leur mise en évidence ainsi que leur traitement demeurent difficiles ce qui rend le pronostic péjoratif.

Nous rapportons le cas d’un homme de 58 ans, porteur de lentilles souples mensuelles qui a présenté un abcès de cornée à hypopion à la suite d’un traumatisme. Nous l’avons pris en charge quinze jours après le début des symptômes, le traitement initial comportait une antibiothérapie locale associé à un traitement antiamibien. Malgré l’ajout d’un traitement antifongique local et général, le patient a présenté après un mois et demi d’évolution une perforation cornéenne nous obligeant à réaliser une greffe de cornée en urgence. Le germe en cause a pu être identifié sur une biopsie de cornée réalisée avant la perforation cornéenne. Il s’agissait d’un Fusarium. Après six mois de traitement l’état oculaire est stabilisé avec une acuité visuelle de 2/10.

Le mauvais pronostic des abcès fongiques est lié à l’évolution torpide et à la difficulté de mise en évidence du germe. L’obtention d’un antifongigramme est essentielle afin de traiter efficacement l’abcès, cependant la lenteur de la mise en culture et de l’identification du germe ont conduit ce patient à une perforation cornéenne. En effet, l’antifongique initialement utilisé chez ce patient n’était pas actif sur le germe retrouvé. L’abcès n’a pu être contrôlé qu’après un traitement local et général adapté ainsi que par des injections intra camérulaires et intra vitréennes d’antifongique.

Les abcès fongiques sont tout aussi difficiles à mettre en évidence qu’à traiter. Ils nécessitent un antifongique par voie locale voire générale lorsqu’il existe une atteinte stromale pour une durée prolongée. Le recours à une greffe de cornée est nécessaire pour 60 % des abcès à Fusarium.