Après sa célèbre thèse « L’histoire de la folie à l’âge classique », Michel Foucault choisit d’étudier l’histoire de la psychiatrie, dans les cours qu’il donne au début des années 1970 au Collège de France, dans une veine cette fois profondément positiviste. En proposant une lecture du mouvement aliéniste sur fond de technologies disciplinaires, son approche généalogique motive une condamnation sans nuance du fonctionnement asilaire, que l’idée de pouvoir psychiatrique résume pleinement. Mais une critique argumentée de ses analyses ne permet-elle pas d’en discuter les résultats les plus rebattus ? On s’appuiera notamment ici sur l’épistémologie et la philosophie de l’action pour montrer comment sa remise en cause de la fonction de l’asile, menée notamment sur la base de présupposés naturalistes, conduit à une redéfinition contestable des actes aliénistes et, partant, de ce dont le traitement moral de Philippe Pinel était porteur. C’est la rationalité de la médecine mentale du xix^e siècle qu’on défendra par conséquent ici, en mobilisant des outils conceptuels relevant entre autre de la philosophie analytique.

After having published his first major study “Madness and Civilization”, Michel Foucault has chosen, in his lectures at the Collège de France, to study history of psychiatry in a positivist vein. Construing the alienist movement from disciplinary technologies, his genealogic approach leads to condemn the way the asylums perform. That is why it is about “psychiatric power”. But can there be a critical argument on its issues ? Epistemology and philosophy of action shows that his thesis of what the asylum’s function is, he takes into account naturalistic presuppositions, leads to a dubious redefinition of alienist acts, and what was Philippe Pinel’s moral treatment. So, I intend to defend the rationality of nineteenth century’s mental medicine, using analytic philosophy’s conceptual instruments.