La couverture vaccinale contre la rougeole reste insuffisante en France, amenant en zone d’endémie des voyageurs non immuns, particulièrement à risque si le voyage s’effectue dans un contexte de mission humanitaire médicale. L’objectif de ce travail a été d’évaluer la protection contre la rougeole chez ces voyageurs à risque.

Une analyse rétrospective a porté sur la couverture vaccinale antirougeoleuse et sur toutes les sérologies rougeole effectuées chez des volontaires d’organisations non gouvernementales vus avant leur voyage au Centre Médical de l’Institut Pasteur entre 03/2007 et 11/2008.

Sur cette période, 1 769 sujets de 20 à 73 ans ont été vus en consultation. 741 avaient reçu 2 doses de vaccin rougeoleux, 151 une dose, 847 avaient un statut vaccinal inconnu et 30 alléguaient un antécédent de rougeole, donnant une couverture vaccinale objectivable (au moins une dose reçue) de 50 %. Ils étaient originaires d’Europe, d’Amérique du Nord, d’Australie pour 1521, d’Asie, d’Amérique du Sud pour 113, d’Afrique pour 135. Parmi les 1 028 sujets n’ayant pas reçu 2 doses vaccinales, une sérologie rougeole a été pratiquée. L’âge moyen était de 33,7 ans (20-73 ans), le rapport H/F de 0,88. On retrouvait un titre d’anticorps antirougeoleux nul ou non protecteur chez 72 sujets (7 %). L’analyse univariée n’a pas retrouvé de différence significative selon le sexe ou l’origine, mais une différence nette en fonction de l’âge, avec un taux de séronégatifs plus élevé chez les personnes jeunes.

En conclusion, si le niveau de protection contre la rougeole est correct dans cette étude, il est préoccupant de constater qu’il est plus faible chez les sujets jeunes, qui sont donc susceptibles de contracter la rougeole lors d’une mission, voire d’être à l’origine de poussées épidémiques au retour. Faut-il rendre systématique les 2 doses vaccinales chez ces voyageurs à haut risque ?