La toxoplasmose, parasitose cosmopolite présente un intérêt médical particulier en Guyane française du fait de l’identification ces dernières années de primo-infections toxoplasmiques sévères chez le sujet immunocompétent. Ces formes cliniques seraient en rapport avec un cycle sylvestre impliquant les félidés sauvages et leurs proies. Diverses études sérologiques et moléculaires réalisées dans la faune sauvage tendent à confirmer cette hypothèse. Cette entité clinique appelée classiquement toxoplasmose amazonienne présente un polymorphisme clinique avec des formes sévères et des formes très sévères. Nous rapportons 11 cas de toxoplasmoses très sévères nécessitant une prise en charge en réanimation au Centre Hospitalier de Cayenne.

De 2002 à 2008, nous avons sélectionné les patients présentant un diagnostic sérologique et/ou moléculaire de toxoplasmose aiguë et nous avons analysé les paramètres épidémiologiques, cliniques et biologiques.

2 femmes et 9 hommes âgés entre 18 et 40 ans ont été hospitalisés pour un syndrome infectieux sévère avec une ou plusieurs défaillances viscérales, la défaillance respiratoire étant quasiment constante. Des anomalies cardiaques, hépatiques et musculaires étaient notées. Les sérologies VIH et HTLV étaient négatives. Les tests sérologiques étaient en faveur d’une toxoplasmose aigüe. La recherche d’ADN du Toxoplasma gondii et l’isolement de la souche à partir du sang périphérique ou du liquide broncho-alvéolaire se sont révélés positifs pour 9 patients. Les souches très virulentes présentaient un génotype dit atypique en comparaison avec les souches connues de Toxoplasma. L’évolution clinico-biologique fut satisfaisante. Un patient décéda de défaillance multiviscérale.

La connaissance de cette entité clinique émergente et atypique a des implications médicales pratiques évidentes aussi bien diagnostiques que thérapeutiques et préventives.