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Homicide et schizophrénie : à propos de 14 cas de schizophrénie issus d’une série de 210 dossiers d’expertises psychiatriques pénales pour homicide - 30/09/09

Doi : 10.1016/j.amp.2009.08.007 
S. Richard-Devantoy a, , J.-P. Duflot b, A.-S. Chocard c, J.-P. Lhuillier d, J.-B. Garré b, J.-L. Senon e
a Département de psychiatrie et psychologie médicale, CHU d’Angers, 4, rue Larrey, 49933 Angers cedex 9, France 
b 100, rue de la Tricottière, Mayenne, France 
c Département de pédopsychiatrie, CHU d’Angers, Angers, France 
d Secteur 7, CHS CESAME, Ste-Gemmes-sur-Loire, France 
e Service hospitalo-universitaire de psychiatrie et psychologie médicale, CHU de Poitiers, CHHL de Poitiers, BP 587, 86021 Poitiers, France 

Auteur correspondant.

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Résumé

La publicité de quelques crimes commis par des schizophrènes tend à stigmatiser et à généraliser dans l’opinion publique la peur liée à la pathologie schizophrénique. Or 95 % des meurtriers ne présentent pas les critères diagnostiques de schizophrénie.

But

À partir d’expertises psychiatriques pénales confiées par deux experts, cet article se propose de décrire les différences entre les profils sociodémographique, clinique et criminologique des meurtriers schizophrènes et ceux indemnes de trouble psychiatrique.

Méthode

Nous avons préalablement caractérisé le profil sociodémographique, clinique et criminologique d’une population de 210 homicidaires d’où sont extraits les 14 schizophrènes auteurs de meurtres. Dans un second temps, nous avons comparé le profil des auteurs présentant une schizophrénie (n=14) à celui des auteurs ne souffrant d’aucun trouble psychiatrique (n=73).

Résultats

Le profil des meurtriers schizophrènes de notre série se particularise par un statut socioprofessionnel spécifique (célibataire, sans enfant et sans emploi) et par des antécédents psychiatriques (caractéristiques constamment signalées dans la population des schizophrènes non criminels) et de violence contre les personnes, plus fréquents que les meurtriers exempts de trouble mental. À l’exclusion de ces variables et de la clinique définissant la schizophrénie, il n’existe pas de différence significative du profil sociodémographique entre les meurtriers schizophrènes et ceux indemnes de trouble psychiatrique. Outre les similitudes dans les modalités temporospatiales et opératoires du passage à l’acte meurtrier entre les deux groupes (le soir, au domicile de la victime, avec trois moyens classiques [armes à feu, armes blanches et coups] dans un moment d’alcoolisation), les meurtriers schizophrènes commettent généralement seul un homicide non prémédité, strangulant plus souvent leur victime au cours d’une attaque soudaine, contrairement aux meurtriers sans pathologie avérée qui préméditent leur crime. On peut alors évoquer un état de violence émotionnelle. Dans 86 % des cas, une psychopathologie délirante motivait l’acte homicide du schizophrène. Quatre thématiques criminogènes prédominaient : la persécution, le syndrome d’influence, le mysticisme et la mégalomanie. La victime était connue dans 85,7 % des homicides commis par des schizophrènes : intrafamilial dans 25 % des cas et extrafamilial dans 60,7 % des cas. Le meurtrier sans pathologie psychiatrique avérée tue plus souvent une victime inconnue (23 %) que le meurtrier schizophrène (14 %). Enfin, l’irresponsabilité pénale ou l’atténuation de responsabilité est la règle pour le schizophrène meurtrier.

Conclusion

La psychopathologie du processus morbide infiltre l’acte homicide du schizophrène. L’appréciation du discernement au moment des faits devrait en tenir compte. La seule spécificité du meurtrier schizophrène serait sa victime : un membre de sa famille ou une connaissance.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Abstract

A few murders, which received saturated media coverage, obviously raises questions about the dangerous and violent nature of the mentally-ill, which can sometimes culminate in homicide. Firmly rooted in the collective consciousness is the popular idea that someone who kills an unknown person in the street is mentally-ill. On the contrary, the epidemiological data are reassuring; only 5% of such murders are committed by the persons suffered of schizophrenia.

Aim

To establish the social, clinical and forensic differences between murderers suffering of schizophrenia disorder and murderers who are immune of psychiatric disorder, and especially to compare their respective records of psychiatrics disorder and their respective relationship with their victims.

Method

We studied the cases of 210 murderers, the offences related to the murders, and the social and clinical information collected from psychiatric court reports on persons convicted of homicide. Firstly, we identified the sociodemographic, clinical and criminological profiles of a group of 210 murderers from which were distinguished the schizophrenia murderers. Then, we compared the profiles of murderers suffering from schizophrenia (n=14), with 73 persons without any mental disorder.

Results

The profile of schizophrenic murderers of our series is characterized by a specific socioprofessional status (single, without child and jobless) and by more frequent records of psychiatrist troubles (this characteristic is always found with criminals that are schizophrenics) and violence against human beings than murderers’ immune of mental disorder. With the exception of these variables and of the clinic of schizophrenia, there is no noticeable difference of sociodemographic profile between schizophrenic murderers and murderers without psychiatric troubles. In addition to the similarities, between the two groups of murderers, in the temporal, location and operating characteristics of the commitment of the homicide (in the evening, at the house of the victim, with three classical means (firearms, knife and knocks), having drunk alcohol), schizophrenic murderers generally commit, alone, a non-premeditated murder. They often strangle their victim in a sudden attack, whereas murderers without a known pathology often premeditate their crime. Therefore, it is possible to talk about a state of emotional violence. In 86% of cases, a delirious psychopathology was at the root of the homicide act of the schizophrenic person. Four criminological themes predominate: persecution, syndrome of influence, mysticism and megalomania. Among the victims of schizophrenic murderers, closest persons to and acquaintance of the murderers are over-represented; in 25% of cases the murder takes place within the family. Finally, penal irresponsibility or mitigation of penal responsibility of the schizophrenic murderer was generally recognized.

Conclusion

Differences between murderers affected with and unaffected with schizophrenia lie on the psychopathology of the morbid process which underlies the homicide of the mentally-ill person.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Clinique, Criminologie, Homicide, Schizophrénie, Victime

Keywords : Clinical study, Criminology, Homicide, Schizophrenia, Victim


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Vol 167 - N° 8

P. 616-624 - octobre 2009 Retour au numéro
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