L’article qui suit examine les relations entre, d’une part, la crise contemporaine de légitimité de l’autorité mise en évidence dans plusieurs ouvrages récents et, d’autre part, le désir d’enfant contrarié par une infertilité, en lien avec le palliatif médical le plus souvent proposé dans cette situation aujourd’hui : l’assistance médicale à la procréation (AMP). Les biotechnologies de la reproduction font de plus en plus figure d’outils relativement efficaces au service d’une radicalisation de l’individu contemporain qui semble de plus en plus enclin à n’accepter d’autres limites que celles qu’il se donne à lui-même. L’AMP apparaît ainsi comme un des maillons de la quête de maîtrise sur notre reproduction. La procréation humaine est de moins en moins l’expression du destin et de plus en plus celle du désir. Comment alors éviter l’argument que les enfants n’hésitent plus à opposer à toute velléité d’exercice de l’autorité parentale : pourquoi t’opposes-tu à mon désir, puisque tu m’as désiré ?

This article focuses on the relations which exist between the contemporary question of the legitimacy of authority, as has been examined in several recent learned essays, and the desire for a child in the infertile couple, with as a corollary, the often proposed palliation of medically assisted reproduction. The relatively effective biotechnological tools currently available for medically assisted reproduction have had a radical impact on the acceptability of human limitations. The non-acceptance of limitations other than those set by oneself has made medically assisted reproduction just one more step in the quest for complete control of human reproduction. This individualist approach makes the birth of a child a simple matter of desire. In this context is parental authority still legitimate? If the ultimate “authority” is desire, as demonstrated by the child’s birth, how can parents oppose a child’s desire? Why should one (the parents’) “desire-authority” override another (the child’s)?