L'anorexie mentale débute le plus souvent à l'adolescence, autour de la puberté. Les signes cliniques permettent facilement le diagnostic. Cette pathologie illustre les intrications complexes que peuvent entretenir les symptomatologies psychiques et somatiques. À l'origine, un malaise psychique ou un banal régime déclenchent, chez des sujets vulnérables (de par leur histoire personnelle et leur patrimoine génétique), des symptômes somatiques (amaigrissement, vomissements...) ; initialement, ces symptômes les apaisent sur le plan psychique. Mais rapidement les manifestations somatiques évoluent pour elles mêmes, avec leurs propres complications physiques ; puis une perte de contrôle sur les symptômes somatiques, des désordres biologiques et une désinsertion sociale viennent majorer la souffrance psychique initiale et compléter le tableau d'anorexie mentale ou de boulimie constituée. Le sujet présente alors des manifestations somatiques et psychiques mettant en péril son état de santé, voire son pronostic vital. En outre, à l'adolescence, les difficultés de l'individu entrent bien souvent en résonance avec une souffrance familiale et sociale. Nous décrivons ici l'épidémiologie, la symptomatologie, l'étiopathogénie et l'évolution de l'anorexie mentale à l'adolescence, avant de proposer quelques repères thérapeutiques. L'anorexie mentale à l'adolescence nécessite une prise en charge précoce et continue sur plusieurs années. Elle impose une réelle coordination entre médecins somaticiens et psychiatres : traitement du versant psychique et traitement du versant somatique sont tous deux indispensables et se potentialisent l'un l'autre. Associer les parents à la prise en charge est également indispensable, sous forme de rencontre conjointe avec les parents et le ou la patient(e) et, dans certains cas, en instaurant une thérapie familiale.