P3-48 Homicide et démence : Les enjeux expertaux ne doivent pas occulter les difficultés de la prise en charge - 13/11/09
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Résumé |
Introduction |
L’homicide est un acte rare, encore plus rare avec l’avance en âge. Après 65 ans (1 à 4% des homicidaires), il est très souvent suivi d’un suicide. Le meurtrier est généralement un homme qui commet un uxoricide à son domicile, le plus souvent avec une arme à feu. L’homicide suivi d’un suicide est classique dans la mélancolie lorsqu’il revêt une signification “altruiste” délirante. Il s’inscrit parfois dans le contexte de “pactes suicidaires”, reflétant des dynamiques conjugales fusionnelles et en miroir narcissique. Plus rarement encore, l’uxoricide révèle une démence. Le passage à l’acte soulève alors des questions complexes non seulement au plan expertal (degré de responsabilité, mécanismes du passage à l’acte), mais aussi au niveau des modalités de la prise en charge thérapeutique et de l’accompagnement des aidants familiaux endeuillés.
Matériel et méthode |
L’observation d’un homme de 78 ans, sans antécédent psychiatrique caractérisé, dont l’homicide de son épouse a révélé une maladie démentielle dégénérative débutante probable nous permet d’aborder ces différentes questions.
Résultats |
Le patient n’était pas alcoolisé et ne recevait aucun traitement médicamenteux au moment de son geste. L’examen clinique dans les suites immédiates de son incarcération n’a relevé aucun symptôme neurologique d’appel et mis en évidence un déclin cognitif modéré (MMSE à 22/30), marqué par une désorientation temporelle, une acalculie, une diminution des fluences verbales et une apraxie constructive, sans syndrome amnésique majeur. L’imagerie cérébrale a objectivé à ce stade une atrophie cortico-sous-corticale diffuse sans lésion ischémique ou hémorragique décelable. L’hypothèse diagnostique d’une démence dégénérative débutante a conduit à une large atténuation de la responsabilité pénale, à une libération conditionnelle et à une institutionnalisation du patient. Cette hypothèse sera confirmée par le suivi évolutif à 3 ans avec l’installation d’un syndrome amnésique hippocampique et l’aggravation du syndrome dysexécutif. A distance du passage à l’acte, l’état psychique du patient reste très instable, marqué par la coexistence aliénante de troubles mnésiques et de ruminations obsédantes autour du souvenir de l’homicide de son épouse. Les aidants familiaux demeurent également très affectés, partagés entre compassion et ambivalence.
Conclusion |
Dans de rares cas, un homicide peut révéler une maladie démentielle. Les enjeux médico-légaux ne doivent pas occulter les difficultés de la prise en charge de ces patients et de l’accompagnement de leurs familles.
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Vol 165 - N° 10S1
P. 90-91 - octobre 2009 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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