L’Union européenne (UE) a développé une approche particulière de la responsabilité sociale en l’inscrivant dans les stratégies européennes de l’emploi et de la cohésion sociale, d’une part, et dans celles sur le développement durable, d’autre part. Ceci devait permettre de véhiculer le modèle social européen dans et hors UE. Le projet était d’explorer au travers d’un processus de dialogue inédit entre les institutions et la société civile les possibilités de dégager un consensus sur un cadrage de la responsabilité sociale de l’entreprise (RSE). L’objet de cette contribution est de montrer qu’il s’est produit un périlleux décrochage entre les institutions européennes, les entreprises et la société civile alors que la RSE pratiquée par les entreprises européennes allait se révéler un vecteur d’innovation sur le plan des relations professionnelles en devenant un objet de négociation collective transnationale et qu’elle allait être un puissant révélateur des limites de l’autorégulation de la question du travail sur le plan mondial.

The European Union (EU) has developed a special approach to corporate social responsibility by incorporating it into its strategies of employment and social cohesion and of sustainable development. This should make it possible to diffuse the European social model inside and outside the EU. Through an unprecedented dialog between institutions and “civil society”, the EU planned to explore the possibility of a consensus on a framework for corporate social responsibility. This article seeks to shed light on the perilous disconnection between European institutions, companies and society at a time when the corporate social responsibility practiced by European firms has turned into a vector of innovation in labor relations by becoming a subject of transnational negotiations. It has also become a litmus test of the limits of a self-regulation, worldwide, of labor questions.