En France, au début de l’année 2000, une nouvelle technique chirurgicale a révélé que les mutilations génitales n’occasionnent plus de dégâts corporels irréversibles et qu’on peut reconstruire un clitoris excisé. La chirurgie réparatrice offre désormais la possibilité aux femmes de se faire réparer. Cet article montre que la chirurgie n’est qu’une étape à l’intérieur d’un « parcours de réparation ». Elle seule n’est pas suffisante pour restaurer une sexualité ainsi dite « normale ». Le « parcours de réparation » se fonde sur l’idée d’une « maturité » prétendue chez la femme. La « maturité » se décline de différentes manières, en laissant entrevoir plusieurs typologies de « femme mûre ». S’intéresser au « parcours de réparation » dans un contexte impliquant des femmes qui ont subi une excision, nous amène à éclairer les logiques médicales et la notion de « sexualité normale ». L’étude se fonde sur une première analyse des dossiers médicaux des femmes opérées (55 cas). La lecture et l’analyse des motivations données par les femmes, ainsi que les compte-rendus des différents spécialistes font émerger la persistance et la répétition de la notion de « maturité ». La « maturité » émerge dans les débats des médecins, qui considèrent cette condition comme centrale dans l’évaluation du « parcours de réparation » de la femme et sert pour s’assurer une certaine efficacité de la chirurgie, qui autrement « ne change pas grand-chose » (citation extrait débats). L’équipe considère que la « réparation » ne s’opère pas seulement sur le plan anatomique, mais aussi sur le plan symbolique, esthétique et culturel.