CO.67 La dysbiose au cours de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin : quelles conséquences sur le métabolisme des acides bilaires ? - 28/12/09
Résumé |
Introduction |
Dans la pathogénie des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), les altérations du microbiote intestinal (dysbiose) ont été incriminées. Le déficit en F. Prausnitzii, bactérie du microbiote fécal dominant, est l’anomalie la plus rapportée au cours de la maladie de Crohn (MC) et de la rectocolite hémorragique (RCH). Chez l’homme sain, le microbiote est responsable de 2 étapes dans le métabolisme des acides biliaires (AB) : la déconjugaison des AB, et la transformation des AB primaires en AB secondaires. Ce travail a recherché l’influence de la dysbiose sur le métabolisme des AB chez les patients atteints de MICI.
Matériels et Méthodes |
Dix neufs patients atteints de MICI coliques pures et indemnes de maladie hépatique (10 RCH, 9 MC) ont été inclus en rémission (n=4) et en poussée (n=15), et comparés à 21 témoins sains. Pour chaque sujet, les profils d’AB sériques et fécaux étaient établis en spectrométrie de masse (LCMS/MS) couplée à une HPLC après extraction en phase solide. Pour chaque échantillon, les taux des différents AB étaient exprimés en proportions du taux d’AB totaux (± SEM). Parallèlement, la composition en groupes bactériens du microbiote fécal était établie par PCR quantitative en temps réel. Enfin, la capacité de F. Prausnitzii à métaboliser les AB était étudiée in vitro en analysant les modifications de solutions de différents AB en présence d’une culture F. Prausnitzii.
Résultats |
Les proportions d’AB conjugués fécaux étaient significativement plus élevées chez les patients (7,9±2 %) comparés aux témoins (3,2±0,6 %) et les proportions d’AB secondaires fécaux étaient diminués chez les patients (59±8,3 %) comparées aux témoins (92±1,7 %, p<0,05). Les mêmes anomalies étaient observées dans le sérum avec 73,5±2,8 %, d’AB conjugués chez les MICI vs 51,6±4,1 % chez les témoins (p<0,05), et 17,5 ± 3,9 % d’AB secondaires chez les MICI vs 40,4±4,6 % chez les témoins (p<0,05). Parallèlement, une diminution significative de la concentration de F. Prausnitzii était observée dans le microbiote des patients atteints de MICI (1,6 log/gramme de selle chez les témoins vs 9,65 log chez les patients, p<0,05) Ce résultat n’était pas expliqué par une diminution globale de la concentration bactérienne fécale chez les patients MICI. Enfin, in vitro, F. Prausnitzii était capable de déconjuguer les AB.
Conclusion |
Ces travaux mettent en évidence des anomalies, à ce jour non décrites, du pool d’AB fécal et sérique chez des patients atteints de MICI correspondant à un déficit de la déconjugaison et de la transformation des AB par le microbiote intestinal. F. Prausnitzii est impliqué dans la déconjugaison des AB, étape préalable à leur transformation. La diminution de F. Prausnitzii dans le microbiote fécal des patients atteints de MICI suggère une relation entre la dysbiose et le « dysmétabolisme » des AB observés au cours des MICI. Les AB étant des molécules de signalisation et des carcinogènes reconnus ; les conséquences physiopathologiques de ce « dysmétabolisme » des AB sur les voies de l’inflammation et de la carcinogenèse colique restent désormais à explorer.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 33 - N° 3S1
P. A134 - mars 2009 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.