Les patients atteints de pancréatite chronique alcoolique (PCC) présentent des facteurs de risque connus de dépression tels la consommation excessive d’alcool et la douleur. L’objectif de notre étude était de déterminer la prévalence de la dépression chez les patients atteints de PCC et la comparer à celle de patients atteints de cirrhose alcoolique et consommateurs excessifs d’alcool sans cirrhose ni pancréatite chronique alcoolique.

Etude prospective multicentrique débutée en septembre 2007. Tous les patients atteints de PCC, de cirrhose alcoolique et consommateurs excessifs d’alcool étaient inclus consécutivement. La dépression était évaluée par la classification du CIM-10. Les caractéristiques épidémiologiques et les facteurs de risque de dépression étaient systématiquement recueillis.

En septembre 2008, le nombre de patients inclus dans chaque groupe était : 52 PCC, 55 cirrhoses alcooliques et 41 consommateurs excessifs d’alcool. La prévalence de la dépression était respectivement de 44,2 % (23 patients), 25,4 % (14 patients) et 34,1 % (14 patients) (p<0,05). Parmi les patients atteints de PCC, l’âge médian était de 50 ans. 16 patients avaient une consommation d’alcool persistante. Tous avaient une consommation ancienne et/ou actuelle de tabac. Seize avaient déjà été traités pour dépression et 8 d’entre eux présentaient encore à l’inclusion les critères de dépression. L’évaluation de la douleur était cotée à 2,8. Quinze patients étaient traités par morphiques. Quatorze patients étaient diabétiques dont 7 avec un diabète de type I. Dix sept patients travaillaient à temps plein, 2 à mi-temps, 7 étaient retraités, 22 en invalidité en raison de leur PCC et 4 au chômage. Parmi les patients avec une cirrhose alcoolique, l’âge médian était de 58,8 ans. Dix huit patients avaient une consommation d’alcool persistante. Trente cinq avaient une consommation ancienne et/ ou actuelle de tabac. Sept avaient déjà été traités pour dépression et 3 d’entre eux présentaient encore à l’inclusion les critères de dépression. L’évaluation de la douleur était cotée à 0,4. Six patients étaient traités par morphiques. Douze patients étaient diabétiques dont 3 avec un diabète de type I. Sept patients travaillaient à temps plein, 1 à mi-temps, 31 étaient retraités, 14 en invalidité en raison de leur cirrhose et 2 au chômage. Parmi les patients consommateurs excessifs d’alcool, l’âge médian était de 43,9 ans. Trente et un patients avaient une consommation d’alcool en cours. Trente huit avaient une consommation ancienne et/ou actuelle de tabac. Quinze avaient déjà été traités pour une dépression et 14 d’entre eux présentaient encore à l’inclusion les critères de dépression. L’évaluation de la douleur était cotée à 0,7. Trois patients étaient diabétiques dont 1 avec un diabète de type I. Dix sept patients travaillaient à temps plein, 3 à mi-temps, 3 étaient retraités, 2 en invalidité en raison de leur addiction et 16 au chômage.

Dans notre étude, la prévalence de la dépression chez les patients atteints de pancréatite chronique alcoolique était estimée à 44,2 %, significativement plus élevée que celle des patients atteints de cirrhose alcoolique (25,4 %). Les facteurs de risque potentiellement impliqués étaient : l’antécédent de dépression, la douleur, le tabagisme et l’absence d’activité professionnelle.