La guérison de l’échinococcose alvéolaire (EA) repose sur la résection chirurgicale complète du parenchyme hépatique envahi. Le diagnostic est parfois établi alors que la lésion est d’emblée inextirpable. Les alternatives sont alors soit la prise prolongée de dérivés benzimidazolés (BZM) parasitostatiques, soit, chez des patients sélectionnés, la transplantation hépatique. Les facteurs prédictifs de réponse au traitement médical sont mal établis. Leur connaissance pourrait permettre d’éviter de poser trop précocement une indication excessive de transplantation. La négativation rapide de nouveaux tests sérologiques impliquant des antigènes de viabilité parasitaire pourrait être un de ces facteurs.

Les dossiers de 15 patients (8 hommes, 7 femmes) suivis depuis au moins 3 ans pour une EA traitée médicalement par BZM ont été analysés rétrospectivement. Pour chacun d’eux, le taux d’anticorps spécifiques lors du diagnostic puis au cours du suivi a été mesuré par test immunoenzymatique Em2+(Bordier Affinity Products, Lausanne, Suisse), à partir de sérothèques. Ce test associe l’antigène Em2 (marqueur diagnostique) à un antigène recombinant, l’antigène II/3,10 (marqueur de viabilité parasitaire). Les patients ont été divisés en 2 groupes en fonction de leur profil sérologique. Ceux dont la dernière sérologie disponible était négative ont été considérés comme ayant une évolution abortive de l’EA. Ils ont été comparés à ceux qui ont gardé une sérologie positive (formes évolutives). 14 patients ont eu une évaluation de l’activité péri-lésionnelle hépatique par TEP-TDM en fin de suivi.

L’âge médian des patients au diagnostic était de 50 ans (23-73 ans). La durée médiane de suivi était de 12 ans (4-25 ans). Huit patients ont négativé leur sérologie dans un délai médian de 44 mois après l’institution du traitement (4 à 99 mois). La sérologie restait négative avec un recul médian de 75 mois. 7 patients ont gardé une sérologie positive tout au long du suivi. Les formes abortives s’associaient à un TEP-TDM négatif dans 6/8 cas vs 2/6 pour les formes évolutives. Les facteurs associés aux formes évolutives étaient la positivité plus importante de la sérologie initiale (p=0,039) et un stade III-IV dans la classification OMS de l’EA (p=0,006). En revanche, le caractère symptomatique de la maladie au moment du diagnostic était comparable dans les 2 groupes.

Dans notre série d’EA inopérables, la négativation sérologique par ELISA Em2+ est un bon marqueur du contrôle de la parasitose et témoigne d’un effet parasitolytique des BZM. Elle a été obtenue dans la moitié des cas, était associée à la négativité en TEP-TDM chez la majorité des patients et se maintenait dans le temps. L’intensité de la réactivité sérologique initiale et le degré d’extension de la lésion au diagnostic pourraient constituer 2 marqueurs prévisionnels d’évolutivité sous traitement par BZM.