Trouble du sommeil chez le jeune enfant et le mode de coucher : une étude transculturelle - 01/01/03
Yolande Govindama * * Auteur correspondant : Mme Yolande Govindama.
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Résumé |
Cet article se propose de rendre compte d'un débat qui oppose les chercheurs épidémiologistes américains et français aux chercheurs cliniciens interculturels concernant le trouble du sommeil chez le jeune enfant et le mode de coucher. Le contact de proximité entre la mère et l'enfant ainsi que le co-sleeping serait pourvoyeur de trouble pour les premiers, tandis que pour les seconds le contact distal, plus souvent pratiqué en Occident, serait générateur de trouble. À travers les conclusions contradictoires d'une étude comparative transculturelle menée à l'île de la Réunion et à Lyon, cet article vise à montrer que le débat ne tient pas compte de la dimension culturelle. En effet, chaque culture attribue un sens au sommeil. La représentation de la solitude qu'implique le sommeil renvoie à celle de la mort et influe sur les pratiques du coucher. La représentation de la mort introduit un référent fondateur dans chaque société qui relie les générations entre elles et participe à la symbolisation de la perte, de la séparation. Le trouble du sommeil ne serait pas lié directement au mode de coucher mais à la gestion de la séparation dans chaque culture. Elle est gérée dans la réalité par l'isolement du bébé dans le coucher en Occident, alors qu'elle est symbolisée à travers les croyances culturelles dans le co-sleeping dans les sociétés extra-occidentales. Une question se pose : le trouble de sommeil de l'enfant ne correspondrait-il pas plutôt à une dynamique de déculturation en cours qui s'exprime dans les modes de coucher et expose l'enfant à une rupture généalogique pouvant aller jusqu'à mettre en péril sa santé mentale ?
Mots clés : Trouble du sommeil ; Enfant ; Mode coucher ; Transmission ; Acculturation ; Anthropologie clinique.
Abstract |
This article aims to give an account of a debate which opposes French and American epidemiologic researchers and intercultural clinical researchers concerning sleep disorders in young children and the mode of sleeping. The contact of proximity between mother and child as well as the fact of sleeping together would be a cause of problems for the former, while for the latter the distant contact, most often practiced in the West, causes problems. Through the contradictory conclusions of a comparative cross-cultural study carried out in Reunion Island and Lyon, this article attempts to show that the debate does not take the cultural dimension into account. Indeed, every culture attributes a meaning to sleep. The representation of solitude that sleep implies reflects the death and influences sleeping practices. The representation of death introduces a founding reference in every society, which links the generations and contributes to symbolisation of loss and separation. Sleeping problems would not be directly linked to the habits sleeping but to the handling of separation in each culture. This separation is managed in reality by the isolation of the baby when he is put to bed in the West, while it is symbolised through cultural beliefs when the mother sleeps with her baby outside western culture. The following question must be asked: do not the sleeping problems of the child correspond rather to the dynamics of deculturation expressed in sleeping patterns and expose the child to a genealogical rupture capable of endangering his mental health ?
Mots clés : Sleep disorders ; Mode of sleeping ; Young Children ; Transmission ; Cultural degradation ; Clinical anthropology.
Plan
Vol 69 - N° 1
P. 49-65 - janvier-mars 2004 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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