L’objectif de ce travail était d’étudier la perception qu’ont des parents professionnels de la santé, de la sexualité de leurs enfants adolescents, dans le contexte socioculturel tunisien. Cinquante médecins et 50 cadres paramédicaux, ayant au moins un enfant adolescent, ont participé à l’étude en remplissant un autoquestionnaire anonyme comprenant 20 items : six items se rapportant au profil général des participants ; 14 items relatifs aux aspects les plus pertinents concernant la sexualité des adolescent(e)s. Soixante-cinq pour cent des participants n’ont pas répondu de façon conforme aux données scientifiques, à un minimum de 75 % des items (seuil qu’ils étaient censés atteindre, compte tenu de leur formation), avec un taux de réponses correctes significativement plus bas chez les paramédicaux que chez les médecins (28 médecins versus sept paramédicaux ; p<0,0001). Vingt-cinq pour cent considéraient la masturbation à l’adolescence comme un phénomène pathologique. Soixante et un virgule cinq pour cent ignoraient la possibilité d’une tendance homosexuelle à l’adolescence. Les paramédicaux étaient plus gênés par l’évocation de la sexualité des adolescent(e)s que les médecins, (p<0,001). Ils étaient aussi moins permissifs vis-à-vis de leurs rapports sexuels, même protégés, (p<0,01), et vis-à-vis de l’intérêt que pourrait manifester l’adolescente pour la sexualité (p=0,047). Notre étude a montré une fréquence relativement élevée d’idées reçues en matière de sexualité des adolescent(e)s, chez les professionnels de la santé étudiés, reflétant le poids du tabou qui frappe la sexualité de l’adolescent(e), dans le milieu socioculturel tunisien. Le réajustement de la formation des médecins et surtout des paramédicaux pourrait jouer un rôle capital dans la lutte contre les entraves entourant la sexualité de l’adolescent. Le changement des mentalités en matière de sexualité de l’adolescent devrait se faire en douceur.