Mayotte Island, located in the Indian Ocean, is a French overseas departmental community with certain specificities: recent development of sanitary institutions, significant immigration, free access to care for legal residents but with co-payments for irregular residents, the absence of many of the social benefits which exist in mainland France and poor or non-existent health information systems. We report here the first population-based survey describing the links between health, migration and healthcare utilization in this territory.

Cross sectional population-based study using a three-stage random sample (geographic areas, households, individuals). In all, 2105 individuals were interviewed either in French, Shimaore or Kibushi (response rate=96%), using a questionnaire adapted to the context of Mayotte Island after a preliminary qualitative survey. Descriptive analyses and logistic regression models were performed.

Foreigners make up 40% of the Mayotte population (total 186,452 inhabitants), of which one-quarter are children born in Mayotte and 80% have no regular residence status. The median length of residence of migrant foreigners is 10 years. Foreigners represent a majority of the female population, of the 20 to 35 years old population and of the urban areas. Main determinants for migration were economical (50%) or family-related (26%). Health was stated as a cause of migration by 11% of migrants. The social situation of foreigners is more precarious and their perceived health poorer than those of the French. Their access to care is also perceived as more difficult. We did not observe any notable difference in terms of frequency of healthcare attendance over the last 12 months between the two groups, but foreigners have consulted less often private GPs and more often traditional practitioners than French.

In this overseas French island, the migrant population is numerous and resident for a long time. Their main motivations to immigrate are economic and family-related. They report hurdles to healthcare related with their precarious living conditions, including their illegal residence status.

Mayotte est une collectivité départementale française de l’Océan Indien qui conjugue de nombreuses spécificités : développement sanitaire récent, pression migratoire importante, accès aux soins gratuit pour les résidents légaux et payant pour les étrangers en situation irrégulière, absence de plusieurs prestations sociales, systèmes d’information sanitaire inexistants. Pour la première fois, une enquête représentative en population générale a permis de décrire les liens entre migration et santé et d’étudier les recours aux soins en fonction de la nationalité.

Enquête transversale représentative en population générale conduite auprès d’un échantillon aléatoire à trois niveaux (zones géographiques, logements, personnes), comprenant 2105 personnes interrogées en français, shimaore ou kibushi (taux de réponse=96 %). Le questionnaire a été adapté au contexte de Mayotte par la réalisation d’une enquête qualitative préalable. Des analyses descriptives et des modèles de régression logistique ont été réalisés.

Les étrangers représentent 40 % de la population (dont un quart d’enfants nés à Mayotte) ; 80 % sont en situation irrégulière alors que l’ancienneté médiane d’installation des immigrés étrangers est de dix ans. Ils sont majoritaires chez les femmes, dans la population entre 20 et 35 ans et dans les zones les plus urbanisées. Les migrations sanitaires apparaissent très minoritaires : 11 % des immigrés déclarent avoir migré ou s’être installés à Mayotte pour raisons de santé tandis que la majorité des motifs de migration sont économiques (50 %) ou familiaux (26 %). La situation sociale des étrangers est plus précaire, leur état de santé ressenti moins bon que les Français et leur accès aux soins est également jugé plus difficile. La fréquence de consultation durant l’année précédente ne diffère pas selon la nationalité contrairement aux modalités de recours aux soins ; les étrangers consultent moins en médecine libérale et plus en médecine traditionnelle.

Dans ce « territoire frontière » de la République, la population étrangère est nombreuse et installée depuis dix ans en moyenne. Les motifs de migration sont principalement économiques et familiaux. Les étrangers relatent des obstacles dans l’accès aux soins liés à la précarité de leurs conditions de vie et à l’absence de titre de séjour.