Seront traitées dans cet article, l’histoire de l’entité nosographique de « Folie à deux », sa sémiologie et sa taxinomie depuis le xix^e siècle. Les développements de l’entité et son apparent raffinement, ne viennent témoigner que d’une difficulté à saisir les caractéristiques de la Folie à deux. Parler de la Folie à deux, c’est avant tout parler du délire et de sa structure. Il est question de voir l’impasse dans laquelle se retrouve coincée la psychiatrie lorsqu’on ne peut pas envisager le délire d’une autre manière, la nosographie reste ancrée dans une phénoménologie dépassée et inexacte, qui n’englobe pas toute l’étendue du phénomène et qui fausse la clinique; qui fait en sorte qu’une entité ne bouge dans sa forme et sa sémiologie qu’au gré des points de vue d’un aliéniste. La méthode du diagnostic psychiatrique, quant à la constatation du délire, est « oblitérée par une référence naïve à la réalité », comme le souligne J.-C. Maleval. Ces mises en causes viennent ébranler l’édifice de cette entité construite depuis 1873, et nous interrogent sur l’actualité de son diagnostic et la validité de sa sémiologie. De Legrand du Saulle jusqu’aux apports de de Clérambault et de Lacan, il s’agit de se frayer un passage vers d’autres perspectives d’une entité nosographique en évolution.

The history of the nosographical entity of “Folie à deux”, its semiology and its taxonomy since the xix^th Century. The developments of the entity and its supposed refinement, display only a difficulty seizing the characteristics of the “Folie à deux”. To speak about the “folie à deux”, it is above all to speak about the delusion and about its structure. It is a matter of seeing the impasse in which psychiatry falls when it cannot envisage the delusion in a different way, the nosography remains anchored in an exceeded and inaccurate phenomenology, which does not contain all the extent of the phenomenon and which distorts the clinical observation, and comes to the point of fixing the entity’s shape and semiology according only to the points of view of a psychiatrist. The method of the psychiatric diagnosis, as for the observation of the delusion, “is obliterated by a naive reference to reality”, as underlined by Maleval. These questionings come to shake the structure of this entity raised since 1873, and interrogate us about the current events of its diagnosis and the validity of its semiology. From Legrand du Saulle up to the contributions of de Clérambault and Lacan, it is a matter of clearing a passage towards other perspectives of a nosographic entity in evolution.