Introduction et But de l’étude. – Le métabolisme des lipides est influencé par les hormones sexuelles. Chez le porc, dont la castration du mâle est encore couramment pratiquée pour réduire les risques de défauts d’odeur sexuelle, le mâle castré est plus gras que la femelle, le mâle entier étant le moins gras. La nature des acides gras (AG) ingérée influence également le métabolisme lipidique et la composition en AG de la viande. L’amélioration de la qualité nutritionnelle de la viande de porc par l’incorporation d’AG n-3 dans le régime est une stratégie qui se développe. La biodisponibilité des AG n-3 semble influencée par le sexe. Chez le hamster pris comme modèle de l’homme, des études ont montré que les femelles déposent davantage ces AG n-3 que les mâles <sup>[1Morise A et al. Gender related response of lipid metabolism to dietary fatty acids in the Hamster Brit. J Nut 2006;95: 709-20.

Cliquez ici pour aller à la section Références]</sup>. Qu’en est-il pour le porc, en particulier pour le mâle entier par rapport aux autres porcs ? Cette question est particulièrement importante chez cet animal car la castration sera certainement interdite à terme pour des raisons de bien-être de l’animal.

Matériel et Méthodes. – Vingt-quatre porcs, répartis par sexe en 3 lots de 8, mâles entiers (ME), mâles castrés (MC) ou femelles (F) ont reçu pendant 2 mois, à partir d’un poids de 50 kg, le même régime riche en C18 : 3 n-3 (ALA) apporté par des graines de lin extrudées (Tradi-Lin^®). Au stade d’abattage à 100 kg, des analyses de composition en AG par CPG ont été réalisées sur le tissu adipeux (TA) dorsal, sur le muscle longissimus dorsi et le foie. Les résultats sont testés par analyse globale de variance avec l’effet sexe comme facteur principal.

Résultats. – Dans le TA, le pour centage en ALA est supérieur (p < 0,02) chez ME (6,4 % des AG totaux) vs 5,7 pour F et 5,4 pour MC. Ces résultats sont opposés aux études réalisées dans d’autres espèces, mais ceci peut s’expliquer par le fait que chez le porc le lieu de synthèse principal des AG est le TA et non le foie. La lipogenèse étant plus faible chez ME, ALA ingéré est donc moins dilué parmi les autres AG. Dans le foie, siège principal des activités de désaturase à partir du précurseur, les teneurs en ALA et en AGPI longues chaînes n-3 sont supérieures chez la femelle par rapport au porc ME (1,89 % ALA pour ME, 2,66 pour F, 2,49 pour MC, p < 0,03 et 1,06 % DHA pour ME, 1,75 pour F et 1,49 pour MC, p < 0,01). Dans le muscle, ALA est également supérieur chez la femelle (p < 0,02) ainsi que les dérivés à longues chaînes n-3.

Conclusion. – Selon les tissus, l’accumulation d’ALA est différente en fonction du sexe des animaux. Les femelles semblent avoir une capacité de désaturase et d’élongase des AG n-3 supérieure à celle des mâles entiers, ce qui se traduit par une teneur plus élevée des AGPI LC n-3. La biodisponibilité des AG n-3 semble donc supérieure chez la femelle. Ceci pourra avoir des conséquences sur la qualité nutritionnelle de la viande de porc si la production de porcs mâles entiers se développe.