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Les signes avant-coureurs d’homicide conjugal. Étude analytique réalisée à l’unité médico-judiciaire de Pontoise (2008) - 14/12/10

Doi : 10.1016/j.medleg.2010.09.002 
L. Rakotomahanina , A. Ghaith, G. Die
Unité médico-judiciaire, hôpital René-Dubos, 6, avenue de l’Île-de-France, 95300 Pontoise, France 

Auteur correspondant.

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Résumé

Pendant très longtemps, la violence conjugale, et notamment l’homicide conjugal, apparaissait comme une fatalité contre laquelle nous ne pouvions rien faire. Or, à ce jour, des chercheurs ont mis en place des stratégies pour essayer de prévenir et d’éviter l’homicide conjugal. Dans cette étude, nous avons démontré que des signes avant-coureurs d’homicide conjugal peuvent être dépistés sur des victimes examinées à l’UMJ. Nous avons recueilli les signes avant-coureurs d’homicide conjugal dans la littérature et les avons repérés dans les contextes de violences subies par des femmes examinées à l’UMJ de Pontoise en 2008. Deux cent soixante-six femmes victimes de violences conjugales parmi les 2401 victimes de violences volontaires (soit 11 % des cas) avaient été examinées à l’UMJ sur cette période. Parmi les signes avant-coureurs d’homicide conjugal, nous avons repéré : (1) la répétitivité des violences : 94 % des cas. L’étude montre que le risque d’homicide augmente avec les récidives de violences ; (2) la séparation : 16 % des cas. Le risque est important quand la femme décide de rompre ou de ne plus obéir ou d’entamer un divorce ou il s’agit de violences après le divorce ; (3) les menaces verbales de mort ou de suicide de la part des auteurs : 12 % des cas. Il y a un risque de passage à l’acte à tout moment ; (4) l’utilisation d’arme ou les menaces avec armes : 31 % des cas dont 52 % par arme contondante, 30 % par arme blanche et 18 % par autres armes ; (5) les violences par strangulation ou par suffocation : 21 % des cas, la mort pouvant survenir, ne serait-ce que par inhibition reflexe à la suite d’un choc brutal sur le pharynx ou par compression des sinus carotidiens ; (6) les violences physiques associées à des violences sexuelles : 8 % des cas ; (7) l’intensification des incidences de violences au cours de la dernière année (11 femmes victimes de deux à trois épisodes de violences au cours des quatre derniers jours précédant l’examen à l’UMJ) ; (8) les difficultés rencontrées par les victimes pour se sauver : dans 91 % des cas, violences au domicile, un espace clos ; dans 26 % des cas, violences nocturnes entre 22heures et cinq heures ; violences sur victimes vulnérables : six âgées de plus de 60 ans, quatre enceintes, huit adolescentes mineures, quatre invalides ; (9) le profil des auteurs de violences : 18 % sous l’influence de l’alcool et/ou de la drogue ; 5 %, sous celle de la jalousie morbide constante ; trois auteurs avaient une pathologie psychiatrique connue. Il est à noter que 35 % des victimes de notre étude réunissaient plus de trois signes avant-coureurs susmentionnés au même moment. C’est dire qu’elles peuvent être plus exposées que les autres. Dans notre étude, aucun homicide conjugal n’a été observée. Ce résultat favorable peut être considéré comme le fruit des efforts multidisciplinaires face à la lutte contre la violence conjugale. Mais l’importance de la fréquence des situations à risque dans notre étude incite à dépister et à prendre en charge les victimes bien avant leur dépôt de plainte, de façon multidisciplinaire ; à repérer les signes avant-coureurs d’homicide conjugal sur toute victime et d’agir en conséquence pour éviter l’issue fatale.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Summary

For too long, domestic violence, including spousal homicide appeared as a fatality against which we could not do anything. However, to date, researchers have developed strategies to try to prevent and avoid spousal homicide. In this study, we demonstrated that early warning signs of domestic homicide can be detected on the victims examined in the UML. We collected the first signs of domestic homicide in the literature and were identified in the context of violence against women considered at the UML of Pontoise in 2008. Two hundred and sixty-six women victims of domestic violence among the 2401 victims of intentional violence (11 % of cases) were examined in 2008 at the UML. Among the warning signs of domestic homicide, we have identified: (1) the repeatability of violence: 94 % of cases. The study shows that the risk of homicide increases with the recurrence of violence; (2) separation: 16 % of cases. The risk is important when the woman decides to terminate or not to obey or to initiate a divorce or abuse after they are divorced; (3) the verbal threats of death or suicide of the authors: 12 % of cases. There is a risk of acting out at any time; (4) the use of weapons or threats with weapons: 31 % of cases of which 52 % by blunt weapon, 30 % by stab and 18 % by other weapons; (5) violence by strangulation or suffocation: 21 % of cases, death may occur, if only by reflex inhibition following a brutal shock to the pharynx or compression of the sinuses carotid; (6) the physical violence associated with sexual assault: 8 % of cases; (7) the intensification of the effects of violence during the past year (11 women victims of two or three episodes of violence during the four days before the examination to the UML); (8) the difficulties encountered by victims to save themselves: in 91 % of cases, violence at home, confined space, in 26 % of cases, violence between 22h and 05h night, violence against vulnerable victims: six aged 60, four pregnant, eight minor girls, four disabled; (9) the profile of perpetrators of violence: 18 % under the influence of alcohol and/or drugs; 5 %, under that of constant morbid jealousy; three authors had a psychiatric disorder known. It should be noted that 35 % of victims of our study brought together more than three signs above the same time. This means they may be more vulnerable than others. In our study, no spousal homicide was observed. This favorable outcome can be considered as the result of multidisciplinary efforts to address the fight against domestic violence. But the importance of the frequency of risk situations in our study is an incentive to detect and deal with the victims before their complaint, in a multidisciplinary way so as to spot the signs warning on all domestic homicide victim and act accordingly to prevent the death.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Violence conjugale, Homicide conjugal, Signes avant-coureurs

Keywords : Domestic violence, Spousal homicide, Warning signs


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Vol 1 - N° 3-4

P. 81-86 - décembre 2010 Retour au numéro
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