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La démographie médicale des anesthésistes réanimateurs est-elle encore compromise en France à l’horizon 2020 ? - 14/12/10

Doi : 10.1016/j.annfar.2010.10.011 
S. Pontone a, , b, c , N. Brouard c
a Service d’anesthésie réanimation, hôpital Robert-Debré, Assistance publique–Hôpitaux de Paris (AP–HP), 48, boulevard Sérurier, 75019 Paris, France 
b Assistance publique–Hôpitaux de Paris, 3, rue Victoria, 75100 Paris RP, France 
c Institut national d’études démographiques (INED), 133, boulevard Davout, 75980 Paris cedex 2, France 

Auteur correspondant.

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Résumé

Objectifs

Le déclin démographique annoncé à l’horizon 2020 peut remettre en cause les missions de l’anesthésie réanimation et l’organisation de la prise en charge de l’opéré en France. L’objectif est d’évaluer la situation démographique des anesthésistes réanimateurs français en 2010 et 2020 à lumière des mesures correctrices prises pour infléchir les projections démographiques.

Méthodes

L’analyse repose sur les données de l’enquête Cfar-Sfar-Ined, du Conseil de l’Ordre des médecins et des différentes études et projections démographiques réalisées par l’Ined et la Drees. Les différents facteurs susceptibles d’infléchir ou d’amplifier la baisse des effectifs, les besoins de formation et la demande de soins sont identifiés et quantifiés.

Résultats

L’Ordre national des médecins, dont les données sont les plus fiables recense 9692 anesthésistes réanimateurs en activité régulière en France et 9391 en métropole (96,9 %) au 1er janvier 2009. Depuis 1990 et jusqu’en 1999, les effectifs ont décéléré sous l’effet de l’internat qualifiant à 1,5 % par an contre 12,7 % par an de 1960 à 1990. Depuis 2002, les effectifs en activité régulière stagnent à 1,1 % par an. Les sorties de la profession étant encore faibles, l’évolution des effectifs s’explique par la baisse des entrées : 222 par an en moyenne de 1988 à 2004 contre 355 sur les deux décennies antérieures (1971 à 1987). Les anesthésistes réanimateurs constituent une population médicale qui continue de vieillir : l’âge moyen a progressé de 42,8 en 1989 à 51 ans au 1er janvier 2009, la structure par âge s’est aussi profondément modifiée depuis 1989 : les anesthésistes en activité de moins de 50 ans ne cessent de baisser. Ils ne sont plus que 47,5 en 2005 contre 80 % en 1989. Ce sont 5139 anesthésistes âgés de 50 à 64 ans qui auront quitté la profession d’ici 2020, soit plus de la moitié (52,3 %) du corps professionnel de 2005. La densité médicale a progressé de 13,1 anesthésistes réanimateurs pour 100 000 habitants en 1989 à 16,2 au 1er janvier 2006. Si on se réfère aux anesthésistes réanimateurs en activité régulière, cette densité médicale est stable à 15,3 au 1er janvier 2009. Les dernières projections démographiques de 2009 prévoient une baisse des effectifs de 13 entre 2006 et 2015, et de −16 à −20 % en 2020 alors que les premières projections de 1991 et celles de 1999 annonçaient une baisse respectivement de −50 et de −30 à −35 % à l’horizon 2020. De très nombreux facteurs tels que l’augmentation de la population française (+6 à 7 % en 2020), la demande de soins liée à son vieillissement (+15 %), les progrès médicaux, la féminisation du corps médical, les départs anticipés à la retraite et l’éventuel tarissement des flux migratoires peuvent amplifier cette baisse en l’absence d’une augmentation substantielle des flux de formation.

Conclusion

Malgré une augmentation des flux de formation et des flux migratoires, le corps professionnel des anesthésistes réanimateurs français se caractérise par une population qui vieillit notablement et dont les effectifs stagnent. Cela préfigure une baisse des effectifs à venir. Si une catastrophe démographique a été évitée, une baisse plus modérée des effectifs persiste à l’horizon 2020 avec un risque d’inadéquation des effectifs aux besoins. Cela justifie une augmentation des entrées dans la profession et parallèlement une adaptation de l’organisation médicale pour garantir la sécurité et la qualité des soins.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Abstract

Objectives

The demographic decline in the Anaesthesia and Intensive Care practitioners predicted for 2020 may bring into question the speciality’s vocation, and indeed peri-operative care as a whole in France. The objective of this study is to assess the French Anaesthetist and Intensive Care physicians’ demographics in 2010, and predicted numbers for 2020 taking into account recently initiated corrective measures.

Methods

Data originating from the CFAR-SFAR-INED French medical demographics survey1 , the French General Medical Council, and various studies and projections published by the INED and the DREES2 were collected and analysed. Factors were then identified that were likely to affect personnel numbers, speciality training requirements and the demand for patient care.

Results

French General Medical Council data is the most reliable and reports 9692 Anaesthetists and Intensive Care physicians practising regularly in France on the 1st of January 2009. Of those, 9,391 (96.9 %) were practising on the mainland. Personnel growth reduced due to the effect of specialist training selection procedures: the percentage of doctors entering Anaesthesia and Intensive Care training dropped from 12.7 % per year in 1960 to 1.5 % in 1990. Since 2002, personnel in regular practice dropped by 1.1 % per year. Relatively few doctors were leaving the profession, the decrease was due to the reduction in the numbers entering practice: 222 per year on average from 1988 through 2004, compared to 355 per year for the two preceding decades (1971 to 1987). Anaesthetists and Intensive Care physicians are growing older; the average age increased from 42.8 years of age in 1989 to 51 on the 1st of January 2009. Further evidence of this trend is that the number of practitioners less than fifty years of age continues to decrease; just 47.5 % in 2005 compared with 80 % in 1989. 5,139 anaesthetists between 50 and 64 years of age will leave the profession before 2020, over half (52.3 %) of the total practising in 2005. Practitioner density increased from 13.1 Anaesthetists and Intensive Care physicians per 100,000 inhabitants in 1989 to 16.2 in January2006. If only those in regular practice are considered, density is stable at 15.3 per 100,000 inhabitants as of 1stJanuary2009. The most recent 2009 projections predict a 13 % decrease in the number of practitioners between 2006 and 2015, and a 16 to 20 % decrease by 2020. Initial projections in 1991 and further projections in 1999 predicted 50 % and 35 to 50 % decreases by 2020. Numerous factors could amplify this reduction in the absence of increased training efforts. These factors include population growth (+6 to 7 % by 2020), the increasing health care demands of an ageing population (+15 %), medical progress, the increasing feminisation of the medical workforce, projected retirements and reductions in migratory flows.

Conclusion

Despite increasing training throughput and increasing medical immigration, Anaesthetists and Intensive Care physicians in France are ageing noticeably and reducing in number. This foreshadows further personnel reductions in the future. A demographic catastrophe may well have been avoided; a more moderate reduction in personnel persists for 2020 with an ongoing risk of numerical inadequacy with respect to needs. This situation justifies a further increase in training throughput, along with adaptations in the provision of care, so as to ensure maintained care standards.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Anesthésie réanimation, Démographie, Médecins, Ressources humaines, Formation

Keywords : Anaesthesiology, Demography, Physicians, Health manpower, Training


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Vol 29 - N° 12

P. 862-867 - décembre 2010 Retour au numéro
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