La tentative de suicide à l’adolescence s’inscrit dans un mouvement dynamique qui met au centre la question de la sexualité. Si les différences filles/garçons quant au suicide à l’adolescence ne sont plus à démontrer, les éléments sous-jacents à de telles différences restent méconnus. Nous proposons de tenir compte des différences filles/garçons pour éclairer la compréhension du suicide à l’adolescence, en nous centrant sur les adolescentes et leur propension à la tentative de suicide. Pour ce faire, nous interrogeons les spécificités du développement psychosexuel chez la fillette puis l’adolescente. Le processus adolescent, en réactualisant les fantasmes œdipiens, remet au travail la rivalité mère-fille. Si pour le garçon il en est de même, chez l’adolescente, cette rivalité se complique d’une ambivalence dont les racines profondes laissent craindre des angoisses concernant l’intérieur du corps, angoisses de représailles, mais aussi de perte d’amour de la part de l’objet. La tentative de suicide des adolescentes, le plus souvent par ingestion médicamenteuse, attaque le dedans, comme si les représailles redoutées se voyaient ici autoadministrées par retournement de l’agressivité contre soi. Tout en attaquant l’intérieur maternel à travers son propre corps, l’adolescente parvient à s’épargner l’angoisse de perte de l’amour de la part de l’objet.

The teenager’s suicide attempt takes place in adolescent process. Sexuality is key point in this process. Gender differences in teenager’s suicide are proved, but not explicated. We want to consider these gender differences in order to understand the girl propensy to attempt suicide. The specific aspects of girl’s psychosexual development are analysed. The adolescence returns œdipal fantasy and rivalry conflict. For both, girls and boys, it is the same thing. But the girl rivalry conflict goes with an important ambivalence. It causes her anxiety of being attacked inside his body, but also anxiety of losing love. The girl’s suicide attempt, often medicinal, attacks the internal body. These teenagers give themselves the dreaded retaliations. By this way, they avoid the anxiety of losing love.