Les patients au tégument très pigmenté (« Noirs ») peuvent être préoccupés par l'uniformité du teint de leur peau, sa clarté et sa luminosité. La demande d'un teint plus uni est adressée à des dermatologues ou à la cosmétologie. C'est souvent une source de déception pour les malades, parce que les moyens thérapeutiques contre les hyperchromies sont limités, parfois aussi parce que la gêne occasionnée par un contraste pigmentaire modéré est sous-évaluée. Le souci de la clarté peut être affiché ou caché, car ressenti comme honteux ou dénoncé par l'entourage ; il s'exprime néanmoins à travers une offre cosmétique particulièrement riche et conduit certaines personnes à tenter d'éclaircir leur peau saine. Cette dépigmentation volontaire recouvre en fait des pratiques variées, allant jusqu'à une utilisation massive de topiques dangereux dans une forme extrême souvent comparée à la passion du bronzage, avec laquelle elle pourrait partager un aspect addictif. La recherche d'un teint plus clair est distincte de celle d'un teint plus lumineux et moins terne, laquelle est surtout perceptible à travers des pratiques de soins comme les toilettes abrasives et les applications d'émollients. Des facteurs psychologiques et sociohistoriques variés peuvent être évoqués à l'origine de ces problématiques et de ces pratiques. La beauté et la séduction sont toujours les enjeux prédominants pour les femmes, mais la recherche de la clarté peut aussi faire référence à la mode, à des notions de pureté et de santé, au statut social ou encore aux traces laissées dans les esprits et dans les sociétés par l'histoire des rapports entre les peuples, notamment à travers des passés proches de racisme, d'esclavage et de colonisation. La connaissance des dimensions sociopsychologiques potentiellement attachées aux demandes exprimées par les malades concernant leur teint de peau pourrait sensibiliser le dermatologue à la prise en considération de ces demandes.