S'abonner

Asphyxie périnatale et infirmité motrice d’origine cérébrale (II – Implications médico-légales et prévention) - 21/03/11

Doi : 10.1016/j.gyobfe.2011.01.015 
G. Boog
Service de gynécologie-obstétrique, hôpital Mère-et-Enfant, CHU de Nantes, 38, boulevard Jean-Monnet, 44093 Nantes cedex 1, France 

Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.

pages 28
Iconographies 12
Vidéos 0
Autres 0

Résumé

La constante augmentation de la pression médicolégale en obstétrique constitue un problème préoccupant dans les pays développés, du fait des indemnisations croissantes des paralysies cérébrales, avec comme conséquence une flambée des primes d’assurance professionnelle conduisant de nombreux obstétriciens à abandonner la pratique des accouchements. Cinquante-quatre à 74 % des plaintes en responsabilité concernent des anomalies des tracés cardiotocographiques (CTG), mal interprétées ou suivies de réactions inadéquates ou trop tardives. Une revue critique des neuf critères retenus par le Collège des obstétriciens et gynécologues américains et par l’Académie américaine de pédiatrie pour caractériser l’encéphalopathie néonatale et la paralysie cérébrale, est effectuée à propos des quatre paramètres essentiels définissant l’asphyxie chez le nouveau-né à terme et des cinq critères mineurs évoquant une atteinte intrapartum. La nécessité d’un examen anatomopathologique du placenta est soulignée afin de pouvoir rattacher une paralysie cérébrale à une asphyxie fœtale, grâce à la confirmation d’événements « sentinelles » survenus avant ou pendant le travail ou bien grâce à la découverte de lésions thrombotiques affectant la circulation fœtale, d’aspects évoquant une insuffisance placentaire ou de réponses circulatoires d’adaptation à une hypoxie chronique dans les villosités. L’histologie placentaire doit aussi permettre d’exclure l’origine asphyxique d’une paralysie cérébrale en révélant des réactions inflammatoires aiguës de chorioamniotite avec dissémination au fœtus ou des aspects compatibles avec une maladie métabolique. L’imagerie cérébrale par résonance magnétique (IRM) nucléaire est fondamentale pour élucider le mécanisme et la chronologie des atteintes tissulaires hypoxiques, en localisant préférentiellement les lésions sur la substance blanche ou sur la substance grise du cerveau. Certaines asphyxies intrapartum peuvent être prévenues en effectuant une césarienne programmée pour un fœtus fragile, en évitant la survenue de certains événements « sentinelles » et surtout en répondant de façon appropriée aux anomalies CTG et en procédant avec compétence à la réanimation néonatale. Au cours de la réunion d’expertise contradictoire, il est indispensable de disposer d’un CTG lisible, d’un partogramme bien documenté, d’une analyse des gaz du sang au cordon ombilical, d’un examen anatomopathologique du placenta et d’une évaluation complète du nouveau-né incluant une IRM cérébrale. Le risque médicolégal peut être réduit par une formation continue en CTG, en respectant les recommandations nationales concernant le rythme cardiaque fœtal (RCF), en utilisant des méthodes complémentaires comme le pH ou les lactates au scalp, en réalisant de régulières revues de mortalité et morbidité (RMM) des dossiers litigieux et en instaurant la pratique périodique d’audits ou d’évaluations de la pratique professionnelle (EPP) à propos des acidoses néonatales sévères, des transferts en réanimation néonatale, des ventilations assistées et des délais observés entre la décision et la réalisation des accouchements opératoires. Compte tenu de la rapidité d’installation des lésions cérébrales fœtales en cas d’asphyxie aiguë, il reste de nombreux dossiers où aucune faute ne peut être retenue contre l’accoucheur. Inversement, un épisode hypoxique anténatal bien documenté au niveau cérébral n’exclut pas automatiquement une aggravation par une prise en charge défaillante pendant l’accouchement.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Abstract

Obstetric litigation is a growing problem in developed countries and its escalating cost together with increasing medical insurance premiums is a major concern for maternity service providers, leading to obstetric practice cessation by many practitioners. Fifty-four to 74 % of claims are based on cardiotocographic (CTG) abnormalities and their interpretation followed by inappropriate or delayed reactions. A critical analysis is performed about the nine criteria identified by the American College of Obstetricians and Gynecologists and the American Academy of Pediatrics in their task force on Neonatal Encephalopathy and Cerebral Palsy: four essential criteria defining neonatal asphyxia and five other suggesting an acute intrapartum event sufficient to cause cerebral palsy in term newborns. The importance of placental histologic examination is emphasized in order to confirm sudden catastrophic events occurring before or during labor or to detect occult thrombotic processes affecting the fetal circulation, patterns of decreased placenta reserve and adaptative responses to chronic hypoxia. It may also exclude intrapartum hypoxia by revealing some histologic patterns typical of acute chorioamnionitis and fetal inflammatory response or compatible with metabolic diseases. Magnetic resonance imaging (MRI) of the infant’s damaged brain is very contributive to elucidate the mechanism and timing of asphyxia in conjunction with the clinical picture, by locating cerebral injuries predominantly in white or grey matter. Intrapartum asphyxia is sometimes preventable by delivering weak fetuses by cesarean sections before birth, by avoiding some “sentinel” events, and essentially by responding appropriately to CTG anomalies and performing an efficient neonatal resuscitation. During litigation procedures, it is necessary to have access to a readable CTG, a well-documented partogram, a complete analysis of umbilical cord gases, a placental pathology and an extensive clinical work-up of the newborn infant including cerebral MRI. Malpractice litigation in obstetric care can be reduced by permanent CTG education, respect of national CTG guidelines, use of adjuncts such as fetal blood sampling for pH or lactates, regular review of adverse events in Clinical Risk Management (CRM) groups and periodic audits about low arterial cord pH in newborns, admission to neonatal unit, the need for assisted ventilation and the decision-to-delivery interval for emergency operative deliveries. Considering the fast occurrence of fetal cerebral hypoxic injuries, and thus despite an adequate management, many intrapartum asphyxias will not be preventable. Conversely, well-documented hypoxic-ischemic brain insults during the antenatal period do not automatically exclude intrapartum suboptimal obstetric care.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Asphyxie périnatale, Plaintes médicolégales, Critères de l’asphyxie intrapartum, Prévention de la paralysie cérébrale, Prévention du risque médicolégal

Keywords : Perinatal asphyxia, Medicolegal claims, Criteria of intrapartum asphyxia, Prevention of cerebral palsy, Prevention of malpractice litigation


Plan


 Cet article est la seconde partie d’un ensemble dont la première, signée du Pr G. Boog et parue en 2010 dans Gynécologie obstétrique & fertilité, a traité du diagnostic de l’asphyxie périnatale et de l’infirmité motrice cérébrale.


© 2011  Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Ajouter à ma bibliothèque Retirer de ma bibliothèque Imprimer
Export

    Export citations

  • Fichier

  • Contenu

Vol 39 - N° 3

P. 146-173 - mars 2011 Retour au numéro
Article précédent Article précédent
  • Lien physiopathologique entre syndrome des ovaires polymicrokystiques et hyperprolactinémie : mythe ou réalité ?
  • Geoffroy Robin, Sophie Catteau-Jonard, Jacques Young, Didier Dewailly
| Article suivant Article suivant
  • Dépistage du diabète gestationnel : vers un nouveau consensus ?
  • H. Legardeur, G. Girard, L. Mandelbrot

Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.

Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’achat d’article à l’unité est indisponible à l’heure actuelle.

Déjà abonné à cette revue ?

Mon compte


Plateformes Elsevier Masson

Déclaration CNIL

EM-CONSULTE.COM est déclaré à la CNIL, déclaration n° 1286925.

En application de la loi nº78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, vous disposez des droits d'opposition (art.26 de la loi), d'accès (art.34 à 38 de la loi), et de rectification (art.36 de la loi) des données vous concernant. Ainsi, vous pouvez exiger que soient rectifiées, complétées, clarifiées, mises à jour ou effacées les informations vous concernant qui sont inexactes, incomplètes, équivoques, périmées ou dont la collecte ou l'utilisation ou la conservation est interdite.
Les informations personnelles concernant les visiteurs de notre site, y compris leur identité, sont confidentielles.
Le responsable du site s'engage sur l'honneur à respecter les conditions légales de confidentialité applicables en France et à ne pas divulguer ces informations à des tiers.


Tout le contenu de ce site: Copyright © 2024 Elsevier, ses concédants de licence et ses contributeurs. Tout les droits sont réservés, y compris ceux relatifs à l'exploration de textes et de données, a la formation en IA et aux technologies similaires. Pour tout contenu en libre accès, les conditions de licence Creative Commons s'appliquent.