Intolérance médicamenteuse et autoanticorps - 01/01/02
N. Abuaf * , J. Rozen, B. Rajoely*Correspondance et tirés à part
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Résumé |
Près de 15 % des patients ont une intolérance médicamenteuse, mais l'origine immunologique est rarement démontrée. Pour la pharmacovigilance française, les maladies auto-immunes systémiques induites par les médicaments, représenterait 0,2 % des intolérances médicamenteuses. Pourtant la prévalence des maladies auto-immunes avec l'α-méthyldopa, la procaïnamide, l'hydralazine, la D-pénicillamine, les sels d'or, le lithium observée chez 1 à 60 % des patients traités, pourrait laisser croire le contraire. La physiopathologie des maladies auto-immunes commence à être mieux connue. Une fraction du médicament peut emprunter une voie métabolique inhabituelle spontanément ou à l'occasion d'une maladie. Chez les patients ayant un syndrome inflammatoire avec activation des polynucléaires neutrophiles et formation de radicaux libres, des métabolites oxydés des médicaments, fortement réactifs peuvent se produire. En se couplant aux protéines, ils les dénaturent, et par ce biais peuvent déclencher un lupus induit. Au niveau du foie, des métabolites oxydés par les cytochromes deviennent réactifs, et en se fixant irréversiblement sur l'enzyme qui leur a donné naissance provoquent son « suicide », induisant ainsi une hépatite médicamenteuse. Les protéines dénaturées par des métabolites du médicament sont immunogènes, elles peuvent induire deux types d'anticorps : d'une part un anticorps dirigé contre la protéine dénaturé par le médicament ou l'un de ses métabolites dans les intolérances immunoallergiques et, d'autre part, un autoanticorps, dirigé contre la protéine native, dans les maladies auto-immunes induites. Les deux types d'anticorps ne sont pas antinomiques, il n'est pas rare qu'ils s'associent. Le terrain immunogénétique intervient également, les sujets HLA-DR3 produiraient des autoanticorps plus facilement.
Mots clés : allergie médicamenteuse ; autoanticorps ; lupus induit médicamenteux ; cytopénie immunoallergique ; hépatite médicamenteuse.
Abstract |
Ten to fifteen percent of patients have adverse drug reactions, but the allergic or immunologic mechanism is scarcely proved. An analysis of the French national database of Pharmacovigilance showed that only 0.2 % of adverse drug reactions are suggestive of drug-induced systemic autoimmune diseases (DIAD). This result seems to contrast with the published prevalence of DIAD, in 1 to 60% of patients treated by α-methyldopa, procainamide, hydralazine, D-penicillamine, gold salts, and lithium. The knowledge of the pathway of DIAD is progressing. A small fraction of the drug could be metabolised in a non-usual pathway in some subjects regularly or only during disease. In patients with inflammatory reactions, activated neutrophilic granulocytes produce free radicals and oxidised drugs or some of its metabolites. Oxidative metabolites bind by covalent link to proteins and denature them. This path occurs in DI lupus. In the liver cytochromes P450 could oxidise drugs, which bind the enzyme by a covalent link and alter it. The suicide of the enzyme induces hepatitis. Denatured proteins are immunogenic and induce at least two types of antibodies: 1) in immunoallergic reactions antibodies bind the protein linked to the drug; and 2) in DIAD autoantibodies bind the native protein. These two kinds of antibodies are not contradictory and could be associated. The genetic background determines the susceptibility to DIAD; HLA-DR3 patients produce autoantibodies more frequently than others.
Mots clés : adverse drug reactions ; autoantibodies ; drug induced lupus ; drug-induced immune cytopenias ; drug-induced hepatitis.
Plan
Vol 42 - N° 1
P. 35-44 - janvier 2002 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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