Méthode courante de travail en institution psychiatrique et de l’enfance inadaptée, la réunion de synthèse est rarement sujet de réflexion ou de recherche. Afin de discuter son fonctionnement, deux vignettes cliniques sont proposées, l’une supposant la participation à la synthèse d’un intervenant extérieur, l’autre l’éludant. À partir de ce type de choix, une vue d’ensemble sur cette formule de travail est aussi tentée, avec un ancrage dans l’évolution de la psychothérapie institutionnelle. Pour avancer davantage, « synthèse » et « réunion » sont analysées séparément. Les sens de la synthèse sont recherchés surtout dans l’œuvre de Freud, qui l’a décrite à la fois comme opposée à l’analyse et comme réalisée par le moi du patient. Qu’en est-il des patients dont le moi ne peut pas réaliser cette synthèse ? Une réponse est possible en examinant la spécificité de la « réunion » – il s’agit d’un groupe de travail, où l’accent est mis sur la compréhension de la relation avec le patient, mais où les relations entre participants gardent toute leur importance. La synthèse, sans exclure les conflits, suppose diverses formes de concertation, ainsi que la résonance. L’auteur fait l’hypothèse d’une version profonde de résonance, la « totalisation » – elle scelle un point de vue concernant l’image d’un patient, qui est partagée, y compris au niveau affectif, par tous les intervenants à la réunion de synthèse.

A working method in psychiatric institutions and child care, the “synthesis” meeting is rarely a topic of reflection or research. To discuss its functioning, the author proposes two clinical vignettes, one involving an outside therapist’s participation at the “synthesis”, the other not. Using this alternative as a starting point, the author offers an overview of the procedure, in the context of the development of community psychotherapy. To take the analysis one step further, “synthesis” and “meeting” are examined separately. The meanings of “synthesis” are sought mainly in the works of Freud, who described it as both the opposite of analysis and as accomplished by the patient’s ego. But what about the patients whose ego cannot achieve synthesis? One possible answer is offered by examining the specific features of the “meeting” of a working group where the emphasis is on understanding the relationship with the patient, but where the relationships between participants are no less important. While not excluding conflicts, “synthesis” requires various forms of convergence as well as resonance. The author formulates the hypothesis of an advanced form of resonance called “totallization”, which consolidates perception of a patient’s image, shared at a deep emotional level by all participants at the “synthesis” meeting.