Oesophagectomie pour carcinome épidermoïde de l'oesophage isolé ou associé à un cancer ORL : survie à long terme - 01/01/01
Résumé |
But de l'étude : Les cancers épidermoïdes de l'oesophage sont fréquemment associés à des cancers ORL. Le but de ce travail rétrospectif était de comparer le devenir à long terme des cancers épidermoïdes de l'oesophage associés à un cancer de la sphère ORL et des cancers épidermoïdes isolés de l'oesophage.
Patients et méthodes : Entre 1989 et 1999, pendant une période de 11 ans, 114 patients ayant eu une oesophagectomie pour un cancer épidermoïde de l'oesophage ont été inclus dans l'étude. Parmi eux, 52 ont eu un ou plusieurs cancers ORL associés (métachrone : n = 17 ; synchrone : n = 35). Un traitement à visée curative a été réalisé chez tous les patients pour chacune des localisations cancéreuses. Ces patients ont été divisés en deux groupes : le groupe « isolé » et le groupe « associé ».
Résultats : Il y avait 45 hommes dans le groupe « isolé » et 43 dans le groupe « associé » (p = ns). L'âge moyen des patients était respectivement de 60,3 ± 8,5 ans et 57,2 ± 7,6 ans. Le stade histologique TNM du cancer de l'oesophage était comparable dans les deux groupes. Il existait toutefois significativement plus de cancers oesophagiens classés T3 dans le sous-groupe des cancers ORL métachrones. L'intervention oesophagienne a consisté en une oesopharyngolaryngectomie totale (n = 13), une oesophagectomie subtotale avec anastomose cervicale (n = 92) et une oesophagectomie type Lewis-Santy (n = 9). La mortalité opératoire était de 8 % dans le groupe « isolé » et de 7,7 % dans le groupe « associé » (p = ns). Le taux de fistules anastomotiques (14,5 contre 21 %) et le taux de pneumopathies (21 contre 9,6 %) après oesophagectomie n'étaient pas significativement différents entre les deux groupes. La durée d'hospitalisation était en moyenne de 27 jours. Le recul moyen de l'étude était de 85 ± 50 mois. La survie à cinq ans était de 10,4 ± 4 % dans le groupe « isolé » et de 10,5 ± 4 % dans le groupe « associé » (p = 0,6411). En analyse univariée, l'appartenance à un des deux groupes « isolé » ou « associé » n'était pas un facteur pronostique. Seuls le degré d'infiltration de la paroi oesophagienne et l'envahissement ganglionnaire étaient des facteurs pronostiques liés à la survie.
Conclusion : Avec une stratégie thérapeutique adaptée et agressive, la survie des patients ayant un cancer de l'oesophage et un cancer ORL associé est identique à celle des patients ayant un cancer isolé de l'oesophage. La surveillance à long terme de l'oesophage chez les patients ayant eu un cancer ORL semble souhaitable pour détecter les lésions oesophagiennes à un stade plus précoce.
Mots clés : cancer épidermoïde de l'oesophage ; cancer oesophagien et ORL ; cancer ORL ; oesophagectomie.
Abstract |
Study aim: Esophageal squamous cell carcinomas are frequently associated with head and neck cancers. This retrospective study was conducted to compare the long-term outcome of the patients with a double cancer and of the patients with a solitary esophageal cancer after curative management.
Patients and methods: From 1989 to 1999, 114 patients with an esophageal carcinoma were included in the study. Among them, 52 had an associated head and neck cancer (metachronous : n=17 and synchronous : n=35). Curative treatment was achieved in all patients. The patients were divided in “solitary” and “associated” group.
Results: Age, sex distribution, tumor location and histological findings were similar in the two groups. The esophageal resection was an esopharyngolaryngectomy (n=13), a subtotal esophagectomy with cervical anastomosis (n=92) and a Lewis-Santy esophagectomy with thoracic anastomosis (n=9). Operative mortality (8 versus 7.7%), anastomotic leaks rate (14,5 versus 21%) and pneumonia rate (21 versus 9,6%) were not significantly different in the two groups. The mean hospital stay was 27 days. The mean follow-up was 85±50 months. Five-year survival rates were not significantly different in the two groups (p=0.6411). In univariate survival analysis the only significant predictive factors were the depth of esophageal tumor invasion (p=0.0002) and node involvement (p=0.0373). The presence of head and neck cancer did not affect survival after esophagectomy.
Conclusion: With an agressive therapeutic plan, the survival of patients with an esophageal cancer associated to head and neck cancer was similar to the survival of patients with an isolated esophageal carcinoma. Long term esophageal survey seems to be useful to detect more superficial esophageal carcinomas in patients with head and neck cancer.
Mots clés : esophageal squamous cell carcinoma ; esophagus and head and neck cancer ; esophagectomy ; head and neck cancer.
Plan
Vol 126 - N° 6
P. 526-534 - juillet 2001 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.