Dans la période actuelle, la politique française en matière d'immigration est marquée par la fermeture des frontières à l'immigration de travail et l'adoption de mesures dissuasives en matière d'asile, aussi les demandeurs d'asile, aux trajectoires migratoires complexes, sont-ils envisagés avec suspicion par les instances en charge de la délivrance du statut de réfugié. Ce dernier est devenu une ressource rare et les requérants doivent intensifier leurs efforts pour convaincre les institutions de la véracité de leurs allégations. Dans ce contexte, le savoir(-faire) des psychologues et des psychiatres est toujours plus mobilisé par les réfugiés et leurs conseillers juridiques dans la procédure légale. Cet article vise à rendre compte des raisons et de la manière dont ces professionnels sont de plus en plus impliqués dans l'espace administratif, d'une part, et des dilemmes éthiques et des postures variées que suscite cette implication, d'autre part. Ce papier se fonde sur un terrain ethnographique de plusieurs mois au sein de plusieurs ONG médicales françaises qui offrent un soutien psychologique aux exilés.

In a context in which France is closing its borders to job-seeking immigrants and adopting a dissuasive asylum policy, asylum-seekers are viewed with increasing suspicion by the institutions in charge of delivering refugee status. Refugee status has become a rare commodity, and asylum seekers must intensify their efforts to convince institutions of the truth of their allegations. In this context, knowledge (or “know-how”) of psychoclinicians is mobilized by the refugees and their lawyers during the legal process. This paper seeks to understand, on the one hand, the reason why and the ways psychoclinicians are more and more implicated in this legal space and, on the other hand, the political, professional and ethical issues debated within medical NGOs in France concerning this new role and the different ways in which these professionals attempt to resolve them. This paper is based on an ethnographic field study of several months inside several French medical NGOs that offers psychological services to asylum seekers.