L'importance fondamentale des estrogènes dans la reproduction féminine est bien connue mais un nombre croissant d'arguments suggère que ces hormones féminines exercent également un rôle important dans les fonctions de reproduction masculine. Au cours des dernières décennies, la production spermatique humaine a clairement diminué tandis que l'incidence du cancer testiculaire et celle de l'hypospadias et de la cryptorchidie ont augmenté. Des altérations de la reproduction masculine ont également été observées dans la faune sauvage. Ces désordres de la reproduction masculine ont été attribués à l'augmentation dans l'environnement et dans la nourriture du nombre et de la concentration des xénobiotiques et en particulier des xéno-estrogènes. Les études épidémiologiques, cliniques et expérimentales ont suggéré qu'une exposition excessive aux estrogènes pendant la vie foetale et/ou néonatale pouvait conduire aux désordres des fonctions de reproduction observées à la naissance (hypospadias, cryptorchidisme) et chez l'adulte (cancer testiculaire, hypospermie). En utilisant un modèle de culture organotypique de testicule foetal et néonatal qui reproduit le développement observé in vivo, nous avons montré que les estrogènes affectent directement le développement de la stéroïdogenèse et de la gamétogenèse et nous avons mis en évidence l'existence de fenêtres chronologiques de sensibilité. Enfin, nous avons montré que le testicule foetal/néonatal est très sensible aux estrogènes puisque l'invalidation du récepteur alpha des estrogènes conduit à une augmentation de la production testiculaire de testostérone et que l'invalidation du récepteur bêta stimule le développement de la lignée germinale chez le mâle.

Estrogens are classically known to play a major role in female reproduction but there is now compelling evidence that they may also be involved in the regulation of male reproductive function. In humans, a decrease in sperm count and an increase in the incidences of testicular cancer, cryptorchidism and hypospadia have been observed in many countries over the last 50 years. Male reproductive alterations were also observed in wildlife. Such male reproductive disorders have been attributed to the increase in concentration of xenobiotics, and of xenoestrogens in particular, in the environment and in food. Epidemiological, clinical and experimental studies have suggested that excessive exposure to estrogens during fetal/neonatal life can lead to reproductive disorders in adulthood. Using an in vitro model we showed that estrogens directly affected the development of the fetal testis and we evidenced the existence of periods of sensitivity throughout development. Lastly, we clearly demonstrated that the fetal and neonatal testis is very sensitive to estrogens since the invalidation of estrogen receptor alpha leads to an increase of steroidogenesis and the invalidation of estrogen receptor beta enhances the development of the germ cell lineage in the male.