La possibilité d'un travail psychanalytique, ou d'une cure, avec un patient psychotique est controversée et suscite de nombreux débats. Nous reprendrons les diverses positions de Freud pour montrer son ambivalence, puis nous détaillerons les présupposés et techniques proposées dans les diverses écoles de psychanalyse, pour montrer que les règles techniques du traitement résultent principalement des diverses hypothèses étiopathogéniques respectives. Ces règles techniques différentes induisent chez l'analyste l'adoption d'une « posture » particulière, qui différera en fonction de son école d'appartenance. Nous postulerons que ces postures ne s'excluent pas, et reflètent en vérité soit des « moments » du traitement, ou bien des « techniques » plus à même d'aider tel « type » ou tel autre de patient. Par commodité, nous « découperons » le transfert en trois aspects: imaginaire, symbolique et réel, et nous montrerons que ces trois dimensions du transfert existent chez Freud. Puis au sein de ces trois catégories, nous détaillerons les « postures » que nous mettrons en rapport avec celles préconisées par divers auteurs freudiens, kleiniens ou lacaniens. Le transfert imaginaire représentera celui décrit par Freud dans « La technique psychanalytique », correspondant au transfert d'imago de la petite enfance sur la personne de l'analyste. Nous défendrons l'idée selon laquelle, initialement, le transfert de la personne psychosée est transfert de « fonctions », telles qu'on les retrouve dans le schéma R de Lacan: m, i(a), M, NdP, I, Phallus. Le transfert symbolique concernera l'appel à une mise en langage, pouvant prendre la forme, par exemple, de l'élaboration du délire. Enfin, le transfert réel sera celui qui à l'inverse du processus névrotique de « découvrement » de l'objet, représentera le mouvement d'enserrer l'objet dans le discours. Nous défendrons l'hypothèse, que nous argumenterons, de la possibilité de mutations structurales entre psychose et névrose, la structure étant conçue comme la modalité privilégiée de l'échange (transfert) à un moment « t ».

The possibility of a psychoanalytic treatment or cure in the case of a psychotic patient is the controversial subject of many discussions. We are reminding in this paper Freud's different positions about this subject, in order to show his ambivalence. We examine further the hypotheses and techniques that are proposed by several schools of psychoanalysis and we show how the technical rules of the treatment are resulting mainly of theses hypotheses concerning the etiology and the pathology. The technical rules are inducing a particular position of the analyst, which is different for each school. We assume that these postures are not excluding each other, but they are reflecting particular “moments” of the treatment, or specific “techniques” which are more or less appropriated for each category, we explicit different postures and we match they with these proposed by Freudian, Lacanian or Kleinian authors. The imaginary transference is the one described by Freud in “An Outline of Psychoanalysis”. It represents the transfer on the analyst's person of an early significant figure (imago). We argue the idea that the initial transference of a psychotic person is a transfer of “functions”, as in the R-scheme described by Lacan. The symbolic transference involves the language, i.e. the working out of a delusion. The real transference is the contrary of the neurotic process of “uncovering” the object: it is the one, which grasp the object into the discourse. We argue the idea that there is a possibility of structural mutations between psychosis and neurosis. The structure is conceived as a preferential pattern of relationship (transference) at a “m” moment.