Les métaux durs, essentiellement à base de carbure de tungstène (CW) et cobalt (Co), proviennent habituellement de la métallurgie des poudres par technique de frittage, plus rarement par fusion. Leur haute résistance à l'arrachement, à l'oxydation et leur stabilité thermique rendent compte de l'étendue des applications industrielles. De nombreux groupes de sujets sont exposés à ces métaux aussi bien lors de la fabrication, de la rectification et du décolletage, du perçage, du meulage, de l'affûtage, de la soudure et du brasage... Si le Co peut induire à lui seul des pathologies immunoallergiques comme l'asthme ou une atteinte non respiratoire, c'est bien la liaison avec le CW, parfois associé à d'autres carbures métalliques, qui conditionne une agressivité particulière au mélange, source de pneumopathies interstitielles, de fibroses pulmonaires et d'un pouvoir cancérogène bronchopulmonaire. La fréquence des consultations de pathologies professionnelles au centre hospitalier universitaire de Grenoble impliquant les poussières de métaux durs est de 5 à 15/800 à 1200 consultations par an depuis 1979. Elles illustrent la permanence d'un risque encore trop important et la nécessité de mesurer les expositions individuelles tant par des indicateurs atmosphériques que biologiques (cobalturies) en vue d'améliorer la prévention technique et ainsi de diminuer l'incidence des pathologies.