En pratique clinique, le terme de « capacités d'élaboration », concept empirique d'usage, évaluerait, implicitement, la structuration et l'organisation psychique du sujet. Dans la littérature, sont rencontrés des termes similaires (capacités d'élaboration, capacités psychiques d'élaboration, élaboration psychique, élaboration symbolique, mentalisation). Leur signification n'est pas clairement explicitée. Les capacités d'élaboration ont-elles une consistance conceptuelle ? Si oui, s'agit-il d'un concept transdimensionnel ? Le caractère empirique de cette notion émise au terme d'un examen psychiatrique justifie, au préalable, que le rôle du langage, médiateur de la communication verbale, soit envisagé comme l'un des vecteurs de l'activité symbolique du sujet. L'activité de symbolisation permet au sujet d'attribuer subjectivement un sens aux événements qu'il vit, sens s'énonçant principalement par la parole et donc accessible à l'autre. Cette attribution de sens est intrinsèquement variable et relèverait de capacités d'adaptation du sujet. Elle est l'objet de théories explicatives diverses parmi lesquelles la notion de travail d'élaboration psychique (théorie psychanalytique). Sur le plan clinique, le travail d'élaboration psychique aurait une place essentielle dans la psychopathologie du traumatisme psychique, expérience de non-sens ; la restitution du sens participerait à l'obtention d'une résolution de la souffrance ressentie (concept de résilience). Ainsi, les capacités d'élaboration pourraient être considérées comme des outils dynamiques, protéiformes, nécessaires à l'effectivité d'un travail d'élaboration, entre autres, visant à la résolution de conflits intra- ou extrapsychiques et permettant ainsi un ajustement permanent de l'adaptation du sujet à son environnement. Ces caractéristiques justifient leur intérêt clinique dans l'évaluation diagnostique et pronostique (valeur psychopathologique, potentiel de résolution du conflit). En conclusion, les capacités d'élaboration, concept d'usage, auraient donc une existence conceptuelle transdimensionnelle.

In everyday clinical practice, the term “ability of elaboration”, an empirical concept, is supposed to assess the mind's construction and structure. In psychiatric literature, terms with similar meaning exist, but they are not clearly defined. Does ability of elaboration have a conceptual strength? If so, is it a trans-dimensional concept? The empirical state of this concept frequently used at the end of a psychiatric examination justifies language, the translation of the patient's symbolic activity, to be considered as the beginning of our reflection. Subjects use symbolization to attribute subjective meanings to traumatic or non-traumatic events, language being the usual way of expression of this symbolization. It could result from the patient's ability to adapt. It would vary because of structural and contextual factors as affective maturation or emotional, psychological and physiological contexts. The way symbolization is processed can be modelled in different ways according to main psychiatric currents. Considering psychoanalysis theories, symbolization would result of complex mechanisms (meaning, coherence, psychic development). Psychic development links signifier to signified, restores symbolic activity, its main expression being language. Language gives the subject the possibility to transmit his psychic work. In clinical practice, psychic elaboration is predominant because trauma is intrinsically meaningless and cannot be spontaneously symbolized. Defence mechanisms could operate to make this trauma meaningful. The ability to put words on traumas would be a consequence of the ability of elaboration. But the ability would be insufficient or absent if language did not permit intelligibility. There would then be other ways to express elaboration: psychosomatic or behavioural signs. Ability of elaboration should be considered as the result of dynamic and protean tools. These tools would be necessary to resolve internal or external psychic conflicts. They would help to constantly adapt the subject to his environment. This would justify their importance in clinical assessment for diagnosis and prognosis. Ability of elaboration, empirically used, may finally be a trans-dimensional concept.