La fréquence actuelle de l'allergie alimentaire en population pédiatrique, ainsi que l'inquiétante augmentation de prévalence de l'anaphylaxie sévère donnent un essor aux recherches sur les moyens de prévention comme sur des thérapeutiques, en raison de l'insuffisance des régimes d'éviction. Cette revue ne considère pas les traitements en cours de développement clinique (protocoles de tolérance orale et immunothérapie sublinguale), mais développe le concept d'hypoallergénicité, limité actuellement à la diminution de réactogénicité par moindre liaison des IgE spécifiques. Elle détaille les moyens d'une induction d'hypoallergénicité alimentaire, disponibles pour les patients allergiques, les industries alimentaires et l'agronomie. L'impact des traitements thermiques, de procédés enzymatiques et chimiques, de procédés physiques (ultrafiltration, texturisation), du screening des variétés agronomiques afin d'identifier les plus pauvres en allergènes majeurs, sont discutés. L'utilisation du génie génétique pour élaborer des plantes transgéniques en teneur réduite en allergènes majeurs, la possibilité de préparer des allergènes recombinants mutés sur sites d'épitopes B sont les axes futurs dont le premier pourrait être mis à profit par les développements agronomiques et les seconds utilisés pour des vaccins spécifiques d'allergènes. La revue considère successivement les formes moléculaires possibles des allergènes recombinants : dimérisation d'allergènes majeurs, allergènes mutés sur les épitopes B, molécules de fusion avec des protéines facilitant la prise en charge de l'allergène par les CPA, peptides longs. Les problèmes associés sont le choix des adjuvants renforçant une réponse de type Th1, et des vecteurs d'expression possibles (bactéries, probiotiques, plantes transgéniques). Des vaccins muqueux paraissent spécifiquement indiqués pour les allergènes alimentaires, afin d'associer à une réorientation de réponse Th1 la mise en jeu des processus physiologiques de tolérance au niveau de la muqueuse intestinale. Les vaccins plasmidiques à base de l'ADN nu sans vecteur viral, ainsi que le vaccin anti-IgE non spécifique d'allergènes sont cités. Les vaccins spécifiques d'allergènes modifiés devraient trouver une place thérapeutique, en substitution d'immunothérapies et de protocoles de tolérance orale aux aliments naturels. Ils pourraient concerner en premier lieu l'arachide et les panallergènes croisants des pollens, fruits et légumes. Un vaccin prophylactique pourrait être ultérieurement considéré chez le nourrisson. Les études permettant de déterminer la fenêtre d'opportunité physiologique d'établissement de la tolérance aux allergènes alimentaires, ses mécanismes, et les facteurs facilitant la tolérance orale doivent se poursuivre parallèlement.

The frequency of food allergy in the pediatric population (8%), as well as the worrying increase of prevalence of severe anaphylaxis boost the research for means of prevention and for therapeutics alternative to the sole eviction of foods. Oral desensitization and sublingual immunotherapy, being the main part of the present clinical research are not in the scope of this review. Future trends of research focus on hypoallergenicity and vaccines. The definition of hypoallergenicity is limited to a lesser reactivity because of a lesser binding of specific IgE to modified food allergens, since the conditions of the immunogenicity leading to sensitization remain unknown. Different ways for patients, alimentary industry and agronomical research are detailed: heating and cooking, enzymatic and chemical treatment of natural foods, physical treatments (texturization, ultrafiltration,...), screening of natural varieties in order to characterize some of them with a lower level or an absence of major allergens. Bioengineering of plants with a reduced level of major allergens, and site-directed mutagenesis on B epitopes could be helpful for a safer nutrition and vaccines. Possible molecular forms aimed at vaccines are considered: recombinant natural allergens, modified recombinant allergens by dimerisation, site-directed mutagenesis, fusion with other molecules, long peptides,... Associated considerations are the choice of adjuvants promoting a Th1 response, as well as vectors for the expression of recombinant food allergens: bacteria, probiotic ones, or poorly allergenic plants. Mucosal vaccines could be especially interesting for food allergens in order to add specific mechanisms of tolerance arising in the intestinal mucosa to the reorientation towards a Th1 and TREG response. Plasmidic DNA vaccines and anti-IgE vaccines are an object of research without any application in the near future. Therapeutic vaccines for food allergens might be substituted to oral desensitization and could be applied first to peanut allergy and to cross allergy between pollens and fruit or vegetable linked to panallergens. Prophylactic vaccines might be a second step for atopic infants, insofar as more knowledge could be obtained of mechanisms and enhancing factors of oral tolerance to food allergens and the “opportunity window” for the establishment of oral tolerance.