Les recommandations nationales et internationales sur l’utilisation des antipsychotiques pour le traitement de la schizophrénie placent toutes les possibilités d’associations entre ces molécules comme un ultime recours, face à une pathologie résistante. Les données issues de la littérature indiquent cependant une utilisation fréquente de ces associations et permettent de discerner, aux travers des différents essais cliniques, les modérateurs positifs d’efficacité pouvant les expliquer.

L’étude ARIPSY-Est se propose d’évaluer à travers cinq établissements français les co-prescriptions de psychotropes faites avec le plus récent des antipsychotiques atypiques : l’aripiprazole. Cent dix patients ont été inclus dans notre analyse.

Seulement 50 % des prescriptions d’aripiprazole étaient des monothérapies antipsychotiques. Une combinaison (i) entre l’aripiprazole et un antipsychotique de faible puissance (à l’exclusion des prescriptions en « si besoin ») et une combinaison (ii) entre l’aripiprazole et un antipsychotique de haute puissance étaient observées respectivement sur 15 et 35 % des prescriptions. Tous les patients traités par une association d’aripiprazole avec un autre antipsychotique de puissance élevée ont eu ce traitement pendant au moins huit semaines, et pour plus de 50 % d’entre eux, cette prescription a été maintenue pendant au moins six mois.

Les associations d’antipsychotiques apparaissent aujourd’hui comme situation clinique courante en psychiatrie. Elles méritent des analyses approfondies afin d’en évaluer la pertinence et d’en mesurer les répercussions potentielles à long terme. Dans l’étude ARIPSY-Est, la part importante d’associations au long court entre l’aripiprazole et les autres antipsychotiques de haut potentiel peut s’expliquer par : (1) un manque de confiance du clinicien par rapport à l’efficacité de la monothérapie ; (2) une recherche de complémentarité pharmacologique difficile à objectiver ; (3) ou encore, comme le suggère des données plus récentes, la volonté de contrecarrer certains effets indésirables induits par l’autre antipsychotique.

The national and international guidelines on the use of antipsychotics for the treatment of schizophrenia put all the possible associations between these molecules as a last resort against resistant diseases. However, literature data indicate a frequent use of these associations and we can discern, through the various clinical trials, some efficacy moderators that can legitimize them.

The ARIPSY-Est study intends to evaluate in five French institutions the co-prescriptions of psychotropic drugs made with the newer atypical antipsychotics: aripiprazole.

One hundred and ten patients were included in the present study. Only in 50% of the prescriptions an antipsychotic monotherapy with aripiprazole was found. A combination of (i) aripiprazole and low-potency antipsychotic (pro re nata prescriptions were excluded) and a combination of (ii) aripiprazole and high-potency antipsychotic were observed in 15 and 35% of the prescriptions, respectively. All the patients treated with an association of aripiprazole and another high-potency antipsychotic had this prescription for at least 8weeks, and in more than 50% of them, this combination existed for at least 6months.

Antipsychotics associations are emerging as routine clinical situation in psychiatry. They deserve further analysis to assess the legitimacy and measure a potentially long-term impact. In ARIPSY-Est study, the large share of long-term association between aripiprazole and other high-potency antipsychotics can be explained in several ways: (i) a lack of trust in the efficacy of the monotherapy, (ii) the search for pharmacological complementarity with little obvious relevance, and (iii) the desire to counteract some adverse effects induced by other antipsychotic.