La réalisation d’une prothèse totale du genou de façon bilatérale en un temps est une intervention lourde qui reste peu pratiquée en France. Le but de l’étude est d’évaluer la faisabilité et les résultats de cette procédure dans la gonarthrose bilatérale. L’étude porte sur dix-sept patients (onze femmes, six hommes) opérés entre mars 2004 et mars 2008 d’une gonarthrose bilatérale par prothèse totale de genou (PTG) bilatérale en un temps. L’âge moyen à l’intervention était de 74ans±8 (52 à 86) et l’IMC moyen de 31±6 (21 à 42). Vingt PTG ont été naviguées. Tous les patients ont été revus par un examinateur indépendant avec un examen clinique (scores IKS genou et fonction, indice d’autonomie, questionnaire de satisfaction) et un bilan radiographique. La durée opératoire totale moyenne était de 307minutes±85 (175 à 435), sans différence significative entre les deux côtés, avec des extrêmes allant de 215minutes pour les arthroplasties standard avec garrot à 389minutes pour celles utilisant la navigation sans garrot. La perte sanguine totale moyenne était de 1925mL±950 (650 à 3830) avec des extrêmes allant de 1210mL dans les arthroplasties standard avec garrot à 2900mL dans celles utilisant la navigation sans garrot. Quinze patients ont été transfusés avec une moyenne de 3,7 culots±1,8 (0 à 8). La durée moyenne de séjour était de 13jours±3 (8 à 21). Aucun patient n’a été perdu de vue et aucun n’est décédé. Le recul moyen était de 53 mois±15 (32 à 78). Parmi les complications, on notait une hypothermie postopératoire immédiate réversible, une mobilisation sous anesthésie générale et un changement d’implant rotulien à 18 mois. Au dernier recul, les scores IKS moyens genou et fonction étaient respectivement de 89±13 (44 à 100) et 71±28 (10 à 90). Seize patients (94 %) étaient autonomes à leur domicile, quinze (88 %) étaient très satisfaits ou satisfaits et treize (75 %) auraient été prêts à refaire la même intervention en un temps. L’angle HKA moyen était de 179°±3 (171 à 183). Quinze patients avaient un axe mécanique identique des deux côtés (13 normo-axés, deux varus) et deux patients, un axe différent. On ne notait aucun descellement radiologique au dernier recul. La PTG bilatérale en un temps est une alternative intéressante dans le traitement des gonarthroses bilatérales, y compris chez le sujet âgé. Elle n’augmente pas significativement les complications et la mortalité par rapport aux prothèses totales de genou unilatérales et bilatérales en deux temps, et les résultats à moyen terme sont similaires. Bien qu’elles soient inférieures aux valeurs cumulées d’une chirurgie bilatérale, les pertes sanguines sont importantes et nécessitent des mesures d’épargne per et postopératoires.

Niveau IV.