Les douleurs maladies et les structures nerveuses mises en jeu - 15/02/08
D. Albe-Fessard
Les stimulations douloureuses activent, chez l'homme ayant un système nerveux intact, des récepteurs spécialisés, les nocicepteurs. La sensation nociceptive qui en résulte est une modalité des sensibilités somatiques superficielles et profondes.
Des douleurs maladies peuvent se produire lorsque cette projection nociceptive est irritée de façon prolongée. D'autres douleurs maladies apparaissent lorsqu'il existe des anomalies des systèmes de projection de l'ensemble des messages somatiques. Ces dernières douleurs, appelées neuropathiques, sont de deux types
- dans les hyperesthésies douloureuses ou allodynies, une stimulation qui serait ressentie comme légère par un organisme normal est ressentie comme douloureuse ;
- dans les anesthésies douloureuses ou douleurs de désafférentation, le malade localise par erreur, dans un territoire périphérique totalement privé de connexions avec les centres d'appréciation, les douleurs spontanées qu'il ressent.
Deux exemples de douleurs neuropathiques, la névralgie du trijumeau et l'arrachement du plexus brachial, montrent combien les mécanismes de ces douleurs diffèrent de ceux de la douleur nociception et nécessitent d'autres traitements. Les modèles animaux de ces douleurs sont décrits et discutés.
Un schéma des voies centrales suivies par les messages somatiques chez l'homme et les effets de leur lésion ou de leur stimulation permettent de résumer le rôle joué par les voies spinales, dorsale et antérolatérale, dans l'appréciation des sensations somatiques, les tactiles et des douloureuses en particulier. Les résultats, de la stimulation des structures qui composent ces deux systèmes de projection, diffèrent selon que le patient a un système nerveux intact ou souffre de neuropathie. La stimulation de l'ensemble du relai thalamique somatique provoque, dans le premier cas, des sensations tactiles dans sa partie latérale et peu de sensations dans sa partie médiane ; elle provoque, aux mêmes endroits, la sensation douloureuse dont souffre le patient atteint d'une anesthésie douloureuse. Ces faits sont souvent expliqués par la suppression, chez ces malades, de l'inhibition que les signaux tactiles exercent sur les signaux douloureux. Une hyperactivité spontanée des cellules de la moelle dorsale qui ont perdu leurs signaux afférents existe chez ces malades ; l'arrivée de ces signaux anormaux, aux relais du tronc cérébral et du thalamus puis au cortex, doit aussi intervenir pour provoquer les douleurs anormales.
Il faut tenter de réduire, chez les patients atteints de douleurs neuropathiques, l'hyperactivité qui apparaît dans les régions centrales qui représentent, dans un organisme intact, la zone périphérique où est ressentie la douleur.
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Vol 28 - N° 2
P. 65 - mars 2001 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.