L’intoxication volontaire par ingestion de Datura stramonium - 16/02/08

Doi : AMI-06-2003-154-HS1-0003-410X-101019-ART6 

Henri AROUKO  [1],

Marie-Dominique MATRAY [1],

Coralie BRAGANÇA [1],

Jean-Pierre MPAKA [2],

Laure CHINELLO [1],

Françoise CASTAING [1],

Christine BARTOU [2],

Daniel POISOT [1]

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L’intoxication volontaire par ingestion de Datura stramonium. Une autre cause d’hospitalisation des jeunes en quête de sensations fortes

L’utilisation des substances naturelles hallucinogènes est connue de plusieurs cultures dans le monde depuis des millénaires. Elles sont de véritables médiateurs sacrés entre l’homme et les dieux, et servent lors des rites initiatiques, divinatoires. Elles entrent dans les mythes d’exorcisme et d’ensorcellement, faisant entrer les initiés dans des sortes de transe qui séparent l’âme du corps avant la « renaissance ». Ces usages ont donné diverses appellations « divines » à nombre de plantes qui rentrent ainsi dans le domaine du mystère, restreint et sacré.

Aujourd’hui, les autoroutes de l’information permettent à ces recettes, via « Internet », de voyager d’un bout à l’autre de la planète, sans restriction, offrant à des non-initiés en quête de sensations fortes les moyens de leurs expérimentations. L’identification des plantes n’est plus un sujet de la botanique, science d’observation de la nature ; mais elle est désormais possible sur un écran d’ordinateur, tout comme les immenses possibilités d’approvisionnement par achat en ligne de spécimens des plantes. Par ailleurs, les cours des collèges et lycées sont en passe de devenir des marchés botaniques : les jeunes s’échangent les dernières recettes et adresses des sites Internet, ou plus simplement les objets de leur nouvel achat en ligne.

Ainsi, on note une recrudescence de l’utilisation des champignons et plantes hallucinogènes, non pas comme initiateurs de rites ou autres (la notion culturelle est très loin des intentions), mais comme éléments de communication entre jeunes, notamment au cours des soirées festives. Datura stramonium est comme plébiscité ces derniers temps et les hospitalisations pour intoxications aiguës au datura se multiplient, comme l’indiquent les chiffres du Centre Anti-Poison (CAP) de Bordeaux (14 hospitalisations pour intoxication volontaire par le datura en 2002, contre 5 en 2001). Plus que les risques auxquels se soumettent les victimes, ce sont les retards de diagnostic qui posent des problèmes, simplement parce que le médecin consulté en urgence n’y pense pas.

Nous rapportons ici le cas d’un jeune homme de 22 ans, hospitalisé à la suite d’une ingestion de graines de Datura stramonium. Il a présenté des troubles de comportement à type d’agitation, et délire onirique. L’évolution a été favorable en 72 heures sous traitement symptomatique, marquée par une amnésie de l’épisode par le patient.

Voluntary poisoning by ingestion of Datura stramonium. Another cause of hospitalization in youth seeking strong sensations

Natural hallucinogenic substances have been used in numerous cultures throughout the world for millenniums, providing a sacred intermediary between men and gods. They were used during initiatory, divinatory rites and played an essential role in the myths of exorcism and charm where the initiated enters a sort of trance which separates the soul from the body before “revival”. It resulted that a number of plants were given names reflecting their relationship with the divinities, bestowing upon them an aura of mystery and sacredness.

With the development of free information superhighways via the net, recipes using these hallucinogenic substances can now travel anywhere on the planet, offering the non-initiated a means of experimenting their search for strong sensations.

At the same time, the science of botany has undergone a major revolution. Patient observation of nature is no longer necessary since a well-conducted computer search can easily yield a large supply of plants offered for on-line purchase. Children and adolescents in primary and secondary schools are becoming a new target for the botanical market: young people exchange the latest recipes and Internet addresses, or more simply the objects of their new on-line purchase.

This has led to an outbreak in the use of mushrooms and hallucinogenic plants where the cultural notion of initiation or sacred rites has metamorphosed into a phenomenon of communication between young people, notably during festive parties.

Datura stramonium has become quite popular and the number of hospitalizations for acute datura poisoning has increased rapidly, as indicated by the statistics of the Bordeaux Poison Center (14 hospitalizations for voluntary poisonings with datura in 2002, compared with 5 in 2001). Besides the self-inflicted risk, one of the most important problems is the delay to diagnosis, simply because the primary care physician did not think of such an “exotic” cause.

We report here the case of a 22-year-old young man hospitalized following ingestion Datura stramonium seeds. He presented confusions and dreamlike frenzy. The clinical course was favorable in 72 hours with symptomatic treatment, marked by amnesia of the episode.


Mots clés : Datura , Intoxication aiguë , Hallucinations , Troubles du comportement , Amnésie

Keywords: Datura , Acute poisoning , Hallucination , Confusion , Amnesia


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Vol 154 - N° HS1

P. 46-50 - juin 2003 Retour au numéro
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