L'objectif de notre enquête était double : évaluer la prévalence de la douleur chez l'ensemble des patients d'un même hôpital et rechercher des discordances entre les évaluations faites par les patients, les soignants et les médecins. Cette enquête transversale utilisait trois questionnaires. Ceux destinés aux patients et aux médecins portaient sur les multiples aspects de la douleur et de sa prise en charge. Le questionnaire à l'intention des soignants était l'échelle Doloplus-2. Les trois évaluations étaient jugées concordantes si elles évaluaient de façon homogène un patient comme douloureux ou comme non douloureux.

Tous les patients présents (447 patients) ont été inclus. La prévalence de la douleur est de 57 % pour les soignants et de 53 % pour les médecins. Parmi les patients inclus, 366 sont communicants et acceptent de réaliser leur auto-évaluation (82 %) : 66 % d'entre eux s'évaluent douloureux. Les localisations douloureuses principalement citées par les patients et par les médecins sont les membres inférieurs. Les patients s'évaluent dans des niveaux d'intensité plus forts que les médecins. D'autre part, 88 % des malades douloureux reçoivent des thérapeutiques antalgiques : malgré cela, les patients ne s'estiment pris en charge sur le plan antalgique que pour la moitié de leurs localisations douloureuses ; ils jugent l'efficacité de leur prise en charge antalgique moins favorablement que les médecins. Notre étude montre qu'un grand nombre des patients de Psychiatrie se déclare douloureux.

Nous retiendrons que le croisement des trois évaluations ne montre une concordance totale qu'une fois sur deux et que plus d'un patient douloureux sur dix n'est reconnu ni par les soignants ni par le médecin.

The purpose of this study is to estimate the prevalence of pain in hospitalized patients and to compare pain assessments performed by patients, caregivers and physicians. This cross-sectional study was based on evaluating pain with three questionnaires. Two structured questionnaires explored the patient's and physician's points of view about hospital pain management. Caregivers used the validated Doloplus-2 scale. The three assessments were considered consistent when all three indicated the presence or absence of pain.

All inpatients (447) were included. The prevalence of pain was 57% when assessment was performed by caregivers and 53% when it was performed by physicians. Among patients included in the prevalence study, 366 could express themselves and agreed to answer the self-assessment questionnaire (82%): 66% of these patients reported pain. Patients and physicians often reported leg pain. Assessment of pain produced a higher level of pain intensity when performed by patients than when by physicians. Furthermore, 88% of patients reporting pain received pain relief treatment: nevertheless patients felt that their pain was satisfactorily managed in only half of their locations, and they had a less positive appreciation of their level of pain management than physicians did. Our study showed that many psychiatric patients declared they suffered pain.

Full consistency between the three assessments was noted for half the cases. One out of ten patients experiencing pain was not identified.