La dangerosité, concept récent au regard de la réalité qu’il vise à circonscrire, peut être définie comme la quantification statistique d’un risque de passage à l’acte. Elle apparaît dans un positionnement frontière, tant pour le sujet en questionnant le passage incertain d’une violence pulsionnelle de la vie animique à une violence agie dans la réalité externe, que dans ses rapports à son environnement, lequel serait menacé par sa potentielle dangerosité. La dangerosité apparaît d’abord comme un concept médicolégal, dont il s’agit ici d’interroger la pertinence dans le champ de la clinique et de la psychopathologie. Si la problématique du passage à l’acte apparaît centrale, différentes perspectives de compréhension sont esquissées, en formulant plus particulièrement l’hypothèse d’une dangerosité comprise comme la réponse subjective à un sentiment de menace vitale : le passage à l’acte redouté ne serait pas tant du registre de l’attaque et de l’agressivité que l’expression d’une réaction de défense et de sauvegarde du sujet face au péril d’un objet menaçant. L’impossible ajustement de la distance entre sujet et objet impose la maîtrise de ce dernier jusqu’à engager sa possible destruction pour rétablir l’équilibre constamment rompu entre investissement narcissique et investissement objectal. S’il semble possible de cerner des enjeux subjectifs au concept de dangerosité, il s’agit surtout en pratique clinique d’en déconstruire l’édifice pour en saisir le sens qu’il pourrait recouvrir pour un sujet appréhendé dans sa singularité.

Dangerousness, recent concept towards the reality it seeks to identify, can be defined as the statistical quantification of a risk of acting out. It appears in a border location, both for the subject by questioning the uncertain passage of an impulsive violence of psychic life in a violence acted out in external reality, and in its reports to his environment, which would be threatened by his potential dangerousness. The dangerousness first appears as a medico-legal concept, about which we question here the relevance in the field of clinic and psychopathology. If the problem of acting out seems central, various perspectives of understanding are outlined, particularly by formulating the hypothesis of a dangerousness understood as the subjective response to a feeling of vital threat: the dreaded acting out would not belong as much to the register of attack and aggressiveness as an expression of defense and safeguard response of the subject in front of danger of a threatening object. The impossibility of adjusting the distance between subject and object requires the control of the latter until engage its possible destruction in order to restore a constantly broken balance between narcissistic investment and objectal investment. If it seems possible to identify subjective stakes in the concept of dangerousness, it is especially to deconstruct its structure in clinical practice to grasp the meaning it could cover for a subject tackled in his singularity.