Sexualité et prison sont deux termes antinomiques, opposant plaisir et sanction corporelle. Les objectifs de ce travail de recueil de données sur les pratiques sexuelles en détention étaient d’évaluer les idées reçues sur la sexualité chez les détenus ainsi que le degré de honte et de culpabilité entourant ces pratiques, mais aussi d’appréhender les processus défensifs à l’œuvre chez les professionnels travaillant en prison, et parmi eux les soignants. Ce travail, même s’il comporte de nombreux biais méthodologiques, a permis un premier état des lieux de la sexualité au sein de l’établissement pénitentiaire de Lille et a cherché à réfléchir à la meilleure méthode d’investigation pour évaluer un thème difficile. Cette recherche a aussi permis de conforter les notions d’homophobie et de tabou majeur autour des pratiques sexuelles en détention, dans les deux sexes, avec une grande méconnaissance de la sexualité en général et des difficultés à surmonter les idées reçues sur le sujet. Les détenus interrogés cherchent avant tout à correspondre à la norme supposée attendue, traduisant le poids des valeurs judéochrétiennes. Par ailleurs, les réticences et les processus défensifs à l’œuvre chez les professionnels sont également nombreux, y compris chez les soignants, ce qui pose la question de l’utilité d’interventions sur la sexualité en milieu carcéral auprès des détenus, mais aussi auprès des professionnels, au travers d’un travail institutionnel.