Pathologie iatrogène de la conjonctive et de la cornée - 01/01/98
Service d'ophtalmologie, hôpital Ambroise-Paré, université Paris V, René-Descartes, 9, avenue Charles-de-Gaulle, 92104 Boulogne cedex France
Résumé |
Malgré une apparente innocuité, les collyres actuels peuvent présenter des effets toxiques variés, souvent discrets, parfois menaçants pour la fonction visuelle. Ces effets peuvent devenir préoccupants, notamment lors d'utilisations répétées, prolongées sur des années, comme dans le glaucome chronique, ou sur des surfaces oculaires pathologiques, comme dans les allergies chroniques ou les sécheresses oculaires. La toxicité locale des collyres répond à de nombreux mécanismes, parfois intriqués, souvent difficiles à identifier ou à différencier de la pathologie initiale. Les allergies vraies sont relativement rares, et répondent le plus souvent à une hypersensibilité de contact. Plus fréquents sont les effets toxiques purs, qui peuvent à la longue entraîner des réactions inflammatoires chroniques secondaires. Après plusieurs années de traitement, ces réactions inflammatoires peuvent aboutir à une infiltration cellulaire et à une fibrose sous-conjonctivales. Des pseudopemphigoïdes oculaires cicatricielles peuvent en être le terme, rare mais gravissime. Dans le cas du glaucome, de tels effets peuvent favoriser l'échec de la chirurgie filtrante. Ces complications ont en fait été décrites avec tous les médicaments topiques, mais les anesthésiques locaux, les antibiotiques, les corticoïdes et les médicaments du glaucome posent des problèmes particuliers (tableau I). Tous ont cependant en commun un conservateur qui peut par lui-même exercer des effets toxiques et/ou allergisants. Les conservateurs sont en effet des produits cytotoxiques, directement pour les cellules épithéliales, et indirectement, par un effet détergent sur le film lacrymal. Le développement de collyres moins agressifs pour la surface oculaire, notamment en favorisant les produits sans conservateur, constitue désormais un des grands enjeux de la pharmacologie oculaire, pour limiter les conséquences iatrogènes de collyres de plus en plus efficaces, mais souvent moins anodins qu'il n'y paraît au premier abord.
Plan
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