La médecine technicienne considère la prescription d’un placebo comme une absence de traitement, une situation contrôle nécessaire pour valider les nouvelles thérapeutiques. Cependant, des études internationales récentes montrent que cette prescription entraîne des effets bénéfiques qui dépassent largement la guérison spontanée, en particulier concernant les états dépressifs et les troubles de l’humeur. Le présent article propose une revue de cette littérature et conclut que, sauf pour les cas les plus sévères, les antidépresseurs ne sont pas plus efficaces qu’un placebo. Les auteurs proposent ensuite une synthèse des travaux concernant les conditions qui modulent la taille de l’effet placebo. Ils soulignent que la conception étroitement biologique de la dépression et de son traitement, chez le patient comme chez le médecin, est moins favorable à la guérison. Ce constat oblige à penser l’effet placebo comme le résultat d’une relation interpersonnelle en référence au concept psychanalytique de transfert. Lors du traitement par un placebo, le patient échange la reconnaissance de son statut de malade contre une amélioration temporaire de ses symptômes, mais le transfert entre patient et médecin n’est pas pris en compte. De fait, les psychothérapies, qu’elles soient d’inspiration cognitivo-comportementale ou psychanalytique, entraînent des effets plus durables que le traitement par un placebo ou un antidépresseur. Selon les auteurs, le transfert assumé par le psychothérapeute, y compris dans toute sa charge affective, permettrait au patient d’accéder aux répétitions inconscientes issues de l’enfance et de s’en dégager. L’article conclut par des propositions concernant les pratiques de soin et la formation des soignants.

Scientific medicine regards placebo prescription as a lack of treatment, a control condition required to validate new therapies. However, recent studies show that placebo treatments induce beneficial effects that are larger than those observed during spontaneous healing, especially regarding depression, anxiety and other mood disorders. Here we review this literature, including meta-analyses showing that, except for severely depressed patients, placebo treatments are as effective as antidepressants. Then, we review studies concerning the conditions that modulate the size of the placebo effect in depression. We emphasize studies showing that a neurobiological conception of depression, held either by patients or their physicians, impairs healing. These observations call for considering the placebo effect as resulting from an interpersonal relationship that should be interpreted in reference to the psychoanalytical concept of transference. During a placebo treatment, the patient exchanges the medical acknowledgement of his patient status for a temporary improvement of his symptoms, but his transference is not taken into account by his physician. Actually, psychodynamic and cognitive-behavioral psychotherapies induce lasting improvements compared to placebo or antidepressant treatments. According to our interpretation, when psychotherapists take care of patient transference, including its heavy emotive power, their patients become conscious of their unconscious repetitions stemming from childhood and are able to free themselves from them. We conclude by a few suggestions regarding the training of psychotherapists and the excessive medicalization of psychic distress.