La douleur est définie comme une expérience subjective alors que les neurosciences étudient la nociception avec les moyens objectivants de la biologie. Nous sommes ainsi astreints à tenir deux discours simultanés : celui du corps sujet et celui du corps objet. La phénoménologie peut nous aider à décrire la douleur comme corps étranger et expérience passive modifiant l’espace et le temps du malade par le désordre introduit entre le moi et le corps comme entre le moi et le monde. Cette description peut aider à comprendre le vécu douloureux et à modifier la relation entre médecin et malade en s’appuyant sur une authentique empathie. Cette attitude accomplit un renversement de perspective en dépassant l’antinomie entre « ce qui est physique » et « ce qui est mental » et en écartant les confusions conceptuelles entre nociception, douleur et souffrance.

Pain is defined as a subjective experiment, while, in neurosciences, we study nociception with the methods of biology. We must hold two simultaneous speeches: one of the subject’s own body and one of objective body. Phenomenology can help us to describe pain like a foreign body and a passive experiment; pain modifies the patrient’s space and time patient and installs a disorder between the self and the body as between the self and the world. A descriptive phenomenology can help to understand the lived painful one and to modify the relation between doctor and patient if there is an authentic empathy. This attitude achieves an inversion of prospect by exceeding the discrepancy between “what is physical” and “what is mental”, it draws aside conceptual confusions between nociception, pain and suffering.