La prévalence croissante des états d'agitation dans les services d'accueil des urgences (SAU) est un phénomène peu étudié sur le plan épidémiologique. Les objectifs sont : définir la prévalence des états d'agitation dans les SAU en France ; déterminer les critères prédictifs des états d'agitation afin de prévenir une situation potentiellement dangereuse et la prendre en charge le plus rapidement possible ; connaître les pratiques actuelles devant ces situations, et recueillir les recommandations des chefs de service des SAU afin d'améliorer cette prise en charge. Méthodologie– Un questionnaire a été envoyé aux 464 chefs des SAU des hôpitaux et cliniques français métropolitains, comportant un questionnaire d'évaluation de 21 questions. Résultats– 137 (29,5 %) chefs de service ont répondu. La moyenne des admissions par SAU est de 24 000 par an. La prévalence estimée du nombre de situations d'agitation représente 1,22 % du total des admissions. La prévalence moyenne par mois et par service d'agressions verbales est de 36,3, celle des agressions physiques de 1,14. Le nombre d'agressions (et leurs conséquences) est lié au nombre d'admissions par SAU. L'intervention des forces de police est requise en moyenne 17 fois par an et par SAU. Seuls 29,5 % des SAU considèrent disposer de locaux adaptés pour la prise en charge des situations d'agitation ; 32,3 % des SAU disposent d'un protocole établi pour les situations d'agitation ; 16,3 % des services cumulent un protocole et une formation des professionnels ; 10,5 % des établissements disposent à la fois de locaux adaptés, d'un protocole et d'une formation du personnel pour la prise en charge des patients agités. La proportion des patients sédatés parmi ceux agités varie en fonction des services et est en moyenne de 67,7 %. Le traitement sédatif utilisé en première intention est la loxapine (Loxapac ^® ) en intramusculaire pour 84 % d'entre eux. Les facteurs prédictifs identifiés d'une agitation sont les intoxications, principalement l'alcool (88 %) et la polytoxicomanie (46,3 %). Plus de la moitié des SAU préconisent de façon systématique et en l'absence d'orientation diagnostique les dosages d'alcool, de toxiques, de la glycémie et un ionogramme sanguin ; 85 % des chefs de service considèrent qu'une meilleure gestion des états d'agitation repose sur la présence de locaux adaptés et sur une formation spécifique du personnel soignant. Discussion– La prise en charge des situations d'agitation aux urgences nécessite la mise en place de protocoles et de formations spécifiques ainsi que des locaux adaptés. La prévalence majeure des agressions impose la réalisation d'études épidémiologiques et la mise en place prioritaire d'une politique cohérente, compte tenu de la gravité potentielle et souvent réelle de ces troubles du comportement.

The increasing prevalence of the agitation states in the emergency department (ED) is a problem little studied on the epidemiological plan. Objective– To define the prevalence of the agitation states in the ED in France, to determine predicative criteria of the agitation states to prevent a potentially dangerous situation and take care as fast as possible of it, to know current practices in front of these situations, and to collect the recommendations of the departmental managers of the ED to improve this management. Method– A questionnaire of appraisal was sent to the 464 managers of the ED of hospitals and clinics in metropolitan France, containing 21 questions. Results– 137 (29.5 %) departmental managers answered. The average of admittances by ED is 24 000 a year. The estimated prevalence of the number of situations of agitation represents 1.22 % of the total of admittances. The average prevalence a month and by service of verbal attacks is 36.3, that of the physical attacks is 1.14. The number of attacks (and their consequences) correlate with admittances by ED. The intervention of the police is required on average 17 times a year and by ED. Only 29.5 % of the ED consider to have premises adapted for the management of the agited patients ; 32.3 % of the ED have a protocol established for the agitation states ; 16.3 % of services accumulate a protocol and a training of the professionals ; 10.5 % of establishments have at the same moment adapted premises, a protocol and a forming of the staff for the management of the agited patients. Among the agited patients, those that profit by a sedation represent on average 67.7 % and it varies according to ED. The sedative treatment used in first intention is loxapine in intramuscular injection for 84 % of them. The predicative factors identified of agitation states are intoxications, mainly the alcohol (88 %) and the poly drug addiction (46.3 %). More than half of the ED recommend in a systematic way and for lack of diagnostic orientation the dosages of alcohol, drugs, glycaemia and bloody electrolytes ; 85 % of the departmental managers consider that a better management of the agitation states rests on the presence of adapted premises and on a specific forming of the nursing staff. Conclusion– The management of the agited patients in the ED requires the placing of protocols and of specific trainings as well as of adapted premises. The major prevalence of attacks imposes realization of epidemiological studies and the priority placing of a coherent politics, considering the potential and often real gravity of these behavioural problems.