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Symptômes résiduels après traitement antidépresseur d'un épisode dépressif majeur : observatoire réalisé en pratique ambulatoire de ville - 17/02/08

Doi : ENC-10-2003-29-5-0013-7006-101019-ART7 

S. MOUCHABAC [1],

M. FERRERI [1],

F. CABANAC [2],

M. BITTON [3]

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Introduction - Si la rémission de la dépression est l'objectif thérapeutique principal (absence de critères cliniques du trouble et scores bas aux échelles d'évaluation), la fréquence de rémissions partielles reste élevée (critères non suffisants pour diagnostiquer le trouble, mais persistance de symptômes évaluables cliniquement et psychométriquement). La présence de symptômes résiduels est associée à un taux de rechutes dépressives plus élevé, jusqu'à 5 fois plus rapidement que chez les sujets en rémission sans symptômes résiduels, à une augmentation du taux de suicides, une consommation de soins importante et un handicap social prononcé. Les symptômes les plus fréquemment rapportés sont propres à la dépression : l'anxiété et l'irritabilité, l'humeur dépressive, la culpabilité et la perte des centres d'intérêt, l'asthénie et les troubles du sommeil du début de la nuit. On considère que les symptômes résiduels constituent un marqueur clinique valide et fiable pour le pronostic (surtout en termes de rechute et chronicité) et doivent faire l'objet de stratégies thérapeutiques spécifiques. Les études sur la dépression avec symptômes résiduels restent peu nombreuses et concernent surtout des populations de patients hospitalisés ou à forme sévère de dépression. Peu de travaux ont porté sur les patients suivis en ambulatoire, il nous a paru pertinent de sélectionner une population de patients déprimés dans une consultation de psychiatrie libérale. Notre objectif principal était d'analyser la fréquence des symptômes résiduels après 8 à 12 semaines de traitement antidépresseur et d'étudier les caractéristiques cliniques et sociodémographiques de ces sujets. Méthode - 1 790 patients ayant présenté un épisode dépressif majeur selon les critères du DSM IV, sous traitement antidépresseur depuis 8 à 12 semaines, ont été inclus et évalués. 463 psychiatres libéraux exerçant en France métropolitaine ont été sélectionnés par tirage au sort avec stratification selon les régions et le sex ratio (30 % de femmes et 70 % d'hommes) pour obtenir un échantillon le plus représentatif de la population des psychiatres français. Ont été mesurés et évalués les caractéristiques anthropométriques et sociodémographiques, antécédents de dépression, description du dernier épisode dépressif majeur, description de sa prise en charge, variables cliniques actuelles, score à l'échelle de dépression de Hamilton (HDRS), évaluation des symptômes résiduels par le médecin, description de la prise en charge du patient le jour de la consultation. Résultats - Après le traitement d'attaque, l'évaluation de la symptomatologie dépressive sur l'échelle de Hamilton rapporte que 549 sujets (32 %) ont un score inférieur à 8, 792 patients (46,7 %) ont un score entre 8 et 18 et 354 sujets (20 %) ont un score supérieur à 18. Les patients du premier groupe (HDRS > 8) considérés en rémission ont un début de traitement précoce c2 = 18,28, ddl = 4, p < 0,01), il s'agissait du premier épisode (51,3 %) avec un nombre bas de symptômes initiaux ( c2 = 27,03, ddl = 6, p < 0,01). Chez les sujets en rémission partielle (HDRS entre 8 et 18), les évaluateurs retrouvaient une persistance de facteurs dépressogènes ( c2 = 15,9, ddl = 2, p < 0,01) et une comorbidité psychiatrique importante ( c2 = 18,28, ddl = 4, p < 0,01). Le groupe n'ayant pas répondu (HDRS > 18) présentait plus d'antécédents dépressifs ( c2 = 17,04, ddl = 4, p < 0,01) et un délai d'instauration du traitement supérieur à 30 jours ( c2 = 18,2, ddl = 4, p < 0,01). Concernant la nature des symptômes résiduels, au moins 50 % des sujets en rémission partielle sont très symptomatiques pour l'humeur dépressive (65,4 %), anxiété psychique (56,6 %) et la perte d'intérêt pour les activités et le travail (49,4 %). Les indices de dépression sévère (insomnie matinale, ralentissement, agitation, hypochondrie, perte de poids et manque de conscience du trouble) sont des items moins rapportés voire le plus souvent absents. Conclusion - Trois points importants se dégagent de ces résultats. Premièrement, une partie importante (46,7 %) de patients ayant répondu au traitement après la période d'attaque présente une symptomatologie résiduelle. Deuxièmement, ces symptômes font partie du pôle « humeur triste - anxiété psychique ». Troisièmement, le délai d'instauration du traitement semble avoir un effet sur la nature de la réponse. Ces résultats confirment la nécessité de développer des stratégies de dépistage de ces formes résiduelles et des traitements spécifiques.

Residual symptoms after a treated major depressive disorder : in practice ambulatory observatory carried out of city

Introduction - The main therapeutic objective for depression is remission (absence of clinical signs of the disorder and low scores on assessment scales), yet partial remission rates remain high (insufficient criteria for diagnosing the disorder while clinically and psychometrically assessable symptoms continue to linger. The presence of residual symptoms is associated with a higher relapse rate of depression, occurring up to 5 times earlier, an increased suicide rate, significant use of healthcare services and a marked social impairment. The most frequently reported symptoms are specific to depression, i.e. anxiety and irritability, depressed mood, feelings of guilt and loss of interest in activities, asthenia and difficulty falling asleep at night. Residual symptoms constitute a valid and reliable clinical marker of prognosis (especially for relapse and chronicity) and must be treated with specific therapeutic strategies. Studies on depression with residual symptoms are few and mainly focus on populations of hospitalized patients or those with a severe form of depression. Since little work has been done with regard to patients monitored on an outpatient basis, we felt it was appropriate to select a population of depressed patients from private psychiatric practice. Our main objective was to analyze the frequency of residual symptoms after 8 to 12 weeks of antidepressant treatment and to study the clinical and socio-demographic characteristics of these subjects. Design - 1 790 patients who had presented with one major depressive episode per DSM IV criteria and who had been receiving antidepressant treatment for 8 to 12 weeks were included and evaluated. 463 private psychiatrists practicing in metropolitan France were randomly selected and stratified by region and sex ratio (30 % female and 70 % male) to obtain a sample as representative as possible of the French psychiatrist population. The following were measured and assessed : anthropometric and socio-demographic characteristics, the history of depression, a description of the last major depressive episode, a description of its management, current clinical variables, the Hamilton Depression Rating Scale (HDRS) score, the physician's assessment of residual symptoms, and a description of the patient's management on the day of the appointment. Results - Following acute treatment, evaluation of depressive symptoms on the Hamilton scale showed that 549 (32 %) of subjects had a score below 8 ; 792 patients (46.7 %) had a score between 8 and 18 ; and 354 (20 %) had a score above 18. Patients in the first group (HDRS < 8) who were considered to be in remission started treatment early ( c2 = 18.28, DOF = 4, p < 0.01) for a first episode (51.3 %) with a low number of initial symptoms ( c2 = 27.03, DOF = 6, p < 0.01). The evaluators found persistent depressogenic factors ( c2 = 15.9, DOF = 2, p < 0.01) and significant psychiatric co-morbidity ( c2 = 18.28, DOF = 4, p < 0.01) in subjects in partial remission (HDRS between 8 and 18). The non-responders (HDRS > 18) presented a history of more depressive episodes ( c2 = 17.04, DOF = 4, p < 0.01) and a delay of more than 30 days before treatment was initiated ( c2 = 18.2, DOF = 4, p < 0.01). With regard to the nature of residual symptoms, at least 50 % of subjects in partial remission were very symptomatic for depressive mood (65.4 %), psychic anxiety (56.6 %), and loss of interest and time away from work (49.4 %). Indicators of severe depression (early morning insomnia, psychomotor retardation, agitation, hypochondriasis, weight loss and lack of awareness of the disorder) were reported less frequently, and usually not at all. Conclusion - These results illustrate three important points. First, a significant percentage (46.7 %) of patients who responded to treatment subsequent to the acute period presented with residual symptoms. Second, these symptoms are included in the areas of « depressed mood - psychic anxiety ». Third, a delay in initiating treatment seems to have an effect on response. These results confirm the need to develop strategies to screen for these residual forms of depression, as well as specific methods to treat them.


Mots clés : Dépression ; , Étude transversale ; , Symptômes résiduels.

Keywords: Cross sectional study ; , Depression ; , Residual symptoms.


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Vol 29 - N° 5

P. 438-444 - octobre 2003 Retour au numéro
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  • Influence de la conscience du trouble et de la perception subjective du traitement sur l'observance médicamenteuse dans les troubles psychotiques
  • F. DROULOUT,, F. LIRAUD,, H. VERDOUX
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  • Étude de validation du Depressive Experience Questionnaire
  • F. ATGER, G. FRASSON, G. LOAS, S. GUIBOURGÉ, M. CORCOS, F. PEREZ DIAZ, M. SPERANZA, J.-L. VENISSE, F. LANG, Ph. STEPHAN, P. BIZOUARD, M. FLAMENT, Ph. JEAMMET

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